Rezé s’urbanise. Le tramway fait son apparition, on ouvre une ligne de chemin de fer Rezé-Pornic. On construit des écoles, des logements sociaux, des équipements collectifs…
Des villages à la Ville
Sous le long mandat de Jean-Baptiste Vigier (1908-1929), la commune, qui a accueilli des réfugiés des départements de l’Est en 1914 et fêté l’arrivée des Américains en 1917, compte ses morts en 1918 : 288 Rezéens ont disparu durant le conflit. Durant les années 1920, le quartier de Pont-Rousseau s’urbanise et le tramway nantais va alors jusqu’aux Trois-Moulins. La vie associative prend son essor. Ainsi, le cercle Saint-Paul et l’amicale des écoles publiques de Pont-Rousseau se développent, cependant que la vie politique se cristallise autour de deux pôles, les laïques et les cléricaux. Les premiers gagneront la municipalité en 1929 avec Charles Rivière, directeur d’école publique.
En 1934 le chemin de fer de Legé disparaît. La commune compte 13 499 habitants en 1936. De nouveaux équipements municipaux voient le jour : des écoles à Ragon et Trentemoult, une salle des fêtes, un parc public à Pont-Rousseau. Les abattoirs de Nantes se sont installés à Rezé, même si la partie de territoire occupée est rattachée à Nantes. Lorsque la guerre éclate en 1939, la population est à la fois rurale et ouvrière : de nombreux Rezéens travaillent pour les chantiers navals et dans l’aéronautique (à Bouguenais) alors en plein développement. Libérée le 29 août 1944, Rezé doit faire face à une nouvelle tentative d’annexion par Nantes en prévision de l’extension du port sur la rive gauche de la Loire. La farouche opposition des Rezéens, qui s’exprime lors d’un référendum, fait échec aux visées nantaises.
Une urbanisation multiforme
En 1953, la décision de garantir financièrement la construction de la Maison radieuse de Le Corbusier est prise par le maire gaulliste Georges Bénézet. Durant ces années 1950, le château de La Houssais, en partie détruit par les bombardements, est rasé et laisse place à un lotissement. À la Balinière, une partie du domaine est construit par les Castors et le château des Monti est acquis pour le lotir.
En 1954, la commune compte 19 000 habitants et une ville ouvrière remplace peu à peu le bourg semi-rural. Conséquence de cette évolution sociologique, en 1959, la gauche rezéenne enlève la municipalité. Le nouveau maire, Alexandre Plancher, préside alors aux destinées d’une commune à l’expansion démographique galopante. Afin de répondre aux besoins de la population, des logements sociaux sont construits à l’emplacement du château des Monti, un vaste programme de constructions scolaires, d’équipement sportifs et sociaux est entrepris ; l’électrification des villages s’achève, une zone industrielle s’installe en bord de Loire. Avec 36 025 habitants en 1975, Rezé s’est complètement transformée. Réélu en 1965, 1971 et 1977, Alexandre Plancher disparaît en 1978. C’est son premier adjoint, Jacques Floch, qui lui succède.
Le retour du tramway
Après avoir baissé dans les années 1980, la population se stabilise avec 33 300 habitants en 1990. À la suite de Le Corbusier, de grands architectes viennent donner à Rezé un patrimoine moderne bâti. Dominique Perrault avec les Cap-Horniers, Alessandro Anselmi avec l’hôtel de ville, Massimiliano Fuksas avec l’espace Diderot. Parallèlement, Rezé redécouvre son passé. En 1982, la chapelle Saint-Lupien est restaurée. À partir de 1983, les fouilles remettent au jour une partie de la ville antique.
Enfin, Rezé voit disparaître la « frontière » de la Loire grâce au tramway, au périphérique et au pont des Trois-Continents. Grâce à cette disparition, Rezé peut espérer un nouveau développement économique. Ce dernier s’appuie sur la zone industrielle et commerciale en bord de Loire, Atout-Sud, la montée en puissance du tertiaire dans le quartier de Pont-Rousseau, et le lancement autour de la « porte de Rezé » du périphérique. Ce développement est aussi urbain avec l’apparition de nouveaux immeubles à Pont-Rousseau. Il est enfin citoyen avec en 1993, une initiative de démocratie locale qui fait de Rezé une ville pionnière : elle est la première à créer un comité économique et social communal sur le modèle du comité régional. Seconde initiative en 1995, la mise en place d’élus de quartier pour favoriser la proximité avec la population.
Rezé au cœur de l’agglomération nantaise
Avec l’agrandissement de la station d’épuration de la Petite-Californie, la ville termine l’assainissement des quartiers, longtemps ruraux, du sud de la commune. La promenade piétonne de la Jaguère est réalisée dans sa totalité. Confirmation du dynamisme de Rezé, la population communale connaît à nouveau une forte croissance avec une augmentation de près de 9 % par rapport à 1990, pour atteindre 35 518 habitants en 1999.
La Ville participe activement à la création de la communauté urbaine de Nantes en 2001.
Résistants fusillés de Rezé
Henri Adam, Georges Barbeau, Marcel Boissard, Albert Brégeon, André Guinoiseau, Maurice Jouaud, Maurice Lagathu, Félicien Thomazeau, Jean Fraix, Guy Le Lan. En 1943, ces dix résistants rezéens étaient exécutés à l’issue du « procès des 42 » et « du procès des 16 » qui se sont déroulés en janvier et en août au palais de justice de Nantes.
De véritables parodies de justice orchestrées par les Allemands durant lesquelles les accusés n’ont eu aucune chance de se défendre, le but étant avant tout de terroriser la population. Près de cinquante exécutions et une dizaine de déportations ont été prononcées lors de ces procès.
Le 28 décembre 1944, le conseil municipal, saisi d’une proposition du comité local de Libération, décide à l’unanimité de renommer 12 rues de la commune pour honorer la mémoire des résistants rezéens fusillés par les Allemands.