Un déclin manifeste touche Ratiatum. Le monde païen s’efface devant la chrétienté. Le silence se fait sur Rezé, alors que de l’autre côté du fleuve, Nantes monte en puissance.
Le long Moyen-Age
Nous savons peu de choses sur la période franque. En 511, l’évêque Adelphius de Ratiate participe au concile d’Orléans convoqué par Clovis 1er. Le siège de son évêché était-il en la Basilique paléochrétienne découverte en 2002 ?
Trois siècles plus tard, en 851, Ratiate est annexée au comté nantais, alors que les invasions normandes sèment la désolation. Un siècle plus tard, après le départ des Normands, l’ordre féodal se met en place. La vicomté de Rezé est créée et des châteaux seigneuriaux sont édifiés vraisemblablement au Bourg et à Pont-Rousseau. Entre le 12e et le 15e siècle, les seigneurs de Rezé participent aux guerres de successions de Bretagne qui entraînent pillages et mises à sac. En 1285, Olive, veuve de Mathieu de l’Ile cède aux Templiers ce qu’elle possède dans les îles. De là pourrait provenir le nom de l’Ile des Chevaliers. En 1397, le duc de Bretagne Jean IV accorde le monopole de la pêche en Loire aux habitants de Trentemoult, de Bouguenais et de la paroisse Sainte-Croix de Nantes.
Au milieu du 15e siècle, les seigneurs de Rezé prennent part à la guerre qui oppose le roi Louis XI aux ducs de Bretagne et de Bourgogne. Le sud de la Loire est à nouveau envahi par des bandes de soudards et saigné à blanc. En 1460, les habitants ne peuvent plus faire face aux impositions du fait du pillage systématique opéré par ces bandes. La vicomté de Rezé passe par alliance à la famille de Guémadeuc.
L’inégalitaire société féodale
Tout au long du au long du 16e siècle Rezé et notamment Trentemoult bénéficient du développement de Nantes. Mais en 1616, Bouguenais et Rezé sont occupées par les troupes royales et l’année suivante le vicomte Thomas de Guémadec est décapité. En 1652, Yves de Monti, descendant d’une famille florentine acquiert la vicomté de Rezé auprès du marquis de Goulaine. Vingt ans plus tard, son fils, Yves II de Monti, voit ses terres érigées en comté.
Au milieu du 18e siècle, La plupart des habitants sont de petits paysans vivant de leur culture et de la vigne dans la quarantaine de villages qui composent la paroisse. A noter à la Haute-Ile, la présence d’ouvriers et maîtres travaillant à la monnaie de Nantes. Avec les marins et les pêcheurs de Trentemoult, ils s’opposent à l’injuste société féodale, refusant en 1737 de payer des taxes iniques. Ils ne sont pas les seuls comme le montre la lutte des Ragonnais en 1767 contre les prétentions du seigneur de la Maillardière sur les landes, ou les actions des habitants du Chêne-Creux, de La Houssais et de la Petite-Lande contre celles du comte de Monti de Rezé sur les grandes landes dépendant de la seigneurie des Bretesches.
Mais le peuple reste accablé d’impôts et la puissance seigneuriale l’écrase de corvées. En 1771, le pont de Pont-Rousseau est emporté par les crues et doit être reconstruit. L’ouverture d’une manufacture d’engrais à la Morinière sous le règne de Louis XV témoigne d’un développement économique nouveau. Profitant de l’essor que connaît Nantes notamment grâce au commerce triangulaire, la grande bourgeoisie de cette ville édifie ou transforme à Rezé de riches et belles demeures en « Folies ».
Le temps ardent des Révolutions
Dès le début du 19e siècle, la ville se reconstruit rapidement et Pont-Rousseau en devient le poumon économique avec un marché bihebdomadaire. Dans les années 1830-1840, des réalisations importantes voient le jour : reconstruction du pont de Pont-Rousseau, installation d’une savonnerie à l’huile de palme à la Morinière, ouverture de la première école communale et construction de l’église Saint Paul. En 1848, l’industriel Suser installe à la Morinière une tannerie-corroierie.
La prospérité du commerce à Pont-Rousseau incite la bourgeoisie locale à réclamer la transformation du faubourg en commune. Mais l’ouverture en 1866 de la ligne de chemin de fer Nantes-Bordeaux, qui ne traverse pas Rezé, détourne le commerce de céréales et porte un coup fatal au projet séparatiste alors que s’achèvent la reconstruction de l’église Saint-Pierre et l’édification d’une nouvelle mairie.
Les débuts de la Troisième République, sont marqués par la construction d’écoles au Bourg et à Pont-Rousseau. Jusqu’à la fin du siècle, les équipements collectifs se multiplient avec l’aménagement de la voirie, l’éclaire au gaz à Pont-Rousseau, la création des lignes de chemin de fer à destination de Pornic et de Legé, la mise en place de liaisons fluviales régulières sur la Loire et la Sèvre, la généralisation du service des postes et en 1895 la construction, à nouveau, d’une nouvelle mairie.