Alors que la concertation préalable au réaménagement de la Zac Pirmil-les Isles est en cours, retour sur une zone qui s’est construite au cours des 50 dernières années. Autrefois zone de marais, elle a été remblayée pour devenir une zone industrielle et sera demain une zone d’habitations, bureaux…
Avant la Seconde Guerre mondiale, les Rezéens pratiquaient le patin à glace sur la plaine inondée qui est aujourd’hui la Zac Pirmil-les Isles. L’hiver, le Seil sortait de son lit et il fallait prendre le bateau pour aller à Trentemoult. Seuls existaient à la place des Nouvelles Cliniques actuelles, les Abattoirs construits à la fin des années 1920 et la société Grandjouan en charge de la répurgation de la ville de Nantes.
À la sortie de la guerre, plusieurs défis s’imposent à Rezé. L’aéroport doit être agrandi mais la seule route qui mène à Saint-Brévin et Machecoul traverse les futures pistes. La construction d’une nouvelle route est nécessaire, les travaux commencent en 1945 et se termineront en 1957. La nouvelle voirie, dénommé « Route de Pornic » permet de desservir la centrale électrique de Chéviré. La zone étant inondable de nombreuses tonnes de sable sont pompées de la Loire pour assécher et remblayer le terrain. « La route de Pornic est une coupure dans la Ville mais la zone industrielle et elles ont probablement protégé Trentemoult et Haute-Ile, observe Ronan Viaud, archiviste de Rezé. Si elles n’avaient pas existé, l’urbanisation se serait étendue du sud vers le nord et ses deux villages n’auraient pas été aussi bien préservés. »
Créer de l’emploi et des ressources
À la fin des années 1960, dans un bulletin municipal, Alexandre Plancher, maire de Rezé entre 1959 et 1978, raconte l’historique de la construction de la zone. « Dès 1951, une déclaration d’intention de création de zone industrielle était mentionnée dans le plan d’aménagement de la ville. Le caractère impératif en a été ressenti lorsqu’en 1960 les projets de création de la zone industrielle de Carquefou ont été connus. » Pour que Rezé garde une place importante au sein de la métropole, le Conseil municipal vote le 28 juin 1962 le lancement officiel des travaux. Cette zone industrielle permettra de créer de l’emploi pour les Rezéens et d’avoir de nouvelles recettes grâce à la taxe professionnelle.
Une zone, trois tranches de travaux
Contre l’avis de tous (Nantes, l’État…), une première tranche de 17 hectares est construite entre 1962 et 1964. Située entre l’embouchure de la Sèvre et le pont des Trois Continents (qui ne sera construit qu’en 1995), elle accueille des petites et moyennes entreprises. La municipalité veut éviter la venue de grosses usines. Parmi les premières sociétés à s’implanter, on trouve notamment la carrosserie Lemasson (toujours présente sur le site).
La Ville de Nantes contacte Rezé pour que la deuxième tranche soit consacrée à une « Cité de la viande » avec le déplacement des abattoirs de Pont-Rousseau vers le boulevard Schœlcher. Ils ouvrent dans les années 1970 mais fermeront en 1995. Leclerc, à la limite de la troisième tranche, s’implante en 1973 (à la place du Conforama d’aujourd’hui) et donne la seconde impulsion à l’aménagement de la zone. Les travaux de la troisième tranche qui s’étend jusqu’à la station d’épuration débutent en 1974. Décathlon et Leroy Merlin y seront des enseignes phares.
- 1945-1957
- Construction de la route de Pornic
- 28 juin 1962
- Vote du conseil municipal pour la création de la zone industrielle
- 1970
- Réouverture des abattoirs sur leur dernier emplacement boulevard Schoelcher
- 1973
- Implantation du supermarché Leclerc
- 1995
- Construction du pont des Trois-Continents et fermeture des abattoirs
- 2015
- Démolition des abattoirs
« Tout d’abord, nous avons, contre la volonté des aménageurs, c’est-à-dire l’État, réalisé une zone industrielle de 80 hectares très bien placée en bordure de Loire et de la route de Pornic. Elle était équipée d’un embranchement ferroviaire. Les travaux ont commencé en 1963 et, en 1978, elle compte 64 établissements dont 27 ateliers et usines. Nous avons facilité la création de 3 000 emplois. »
Changement dans les 20 prochaines années
Aujourd’hui, le périmètre de la Zac des Isles comprend une centaine d’entreprises et 2000 emplois dont une bonne partie dans la zone commerciale Atout-Sud et 1945 habitants qui vivent dans les villages du bord de Loire (Trentemoult, Basse-Île et Haute-Île). Dans les années 2000, l’installation des Nouvelles Cliniques nantaises marque le tout début du réaménagement. Après plusieurs années de réflexion, les 200 hectares de la zone vont enfin être repensés. Frédéric Bonnet, l’architecte, a imaginé une « ville-nature » où logements, bureaux et commerces cohabiteraient au mieux avec le paysage dont la Loire. Première étape de ce nouveau projet qui devrait durer 20 ans, la démolition des abattoirs. Elle est en cours, ainsi que la concertation préalable avec les habitants, avant la concertation réglementaire qui débutera en 2016.