Le forum Visages a 30 ans
(février 2013)

Le forum d’intervention sociale Visages aura lieu du 25 au 28 mars. Cela fait 30 ans qu’il nous écarquille les yeux et titille notre réflexion en projetant des documentaires sur notre société.

Début des années 80. L’éducation populaire et le monde associatif vivent une période faste. Portés par des désirs de transformation sociale, un peu partout en France, le secteur social et médico-social, les Maisons des jeunes et de la culture (MJC), centres socioculturels et autres mouvements éducatifs sont le lieu d’expérimentations et d’initiatives originales. C’est l’âge d’or de la vidéo amateur et militante. «  Un outil pour montrer ce qu’on fait, ce qu’on essaye dans le champ du social et pour donner la parole à ceux qui ne l’ont pas », se souvient Gérard Maray, directeur de la MJC du Château dans les années 80-90 et actuel membre de l’association Visages. « Mais, très vite, on mesure la limite des projections confidentielles », poursuit Jean-Paul Paquereau, ancien formateur de l’école d’éducateurs de la Classerie, fondateur et actuel vice-président de l’association Visages.

Montrer des films et débattre

« Avec une dizaine de militants et de travailleurs sociaux, nous avons alors décidé de créer un rendez-vous régulier », poursuit Jean-Paul Paquereau. Le forum naît en mars 1982 dans les locaux de la Classerie, avec l’aide de l’école d’éducateurs, et du Centre Audiovisuel de Loire-Atlantique (Cavla), qui est une structure au service des associations pour le prêt et la formation à la vidéo. La formule ? « Échanger, débattre autour de documentaires qui témoignent de situations sociales difficiles, de souffrances cachés, de politiques sociales.. mais aussi d’expériences marquantes pour animer et enrichir la vie sociale », précise Gérard Maray.

Au cinéma Saint-Paul

En 1990, le Cavla disparaît. La Classerie reprend le flambeau et décide d’ouvrir l’organisation à un plus grand nombre d’acteurs : l’association Visages (contraction de Vidéo son et images) est créée et s’enrichit de l’arrivée de partenaires : Ciné femmes, l’école d’assistants sociaux, celle d’éducateurs de jeunes enfants, le Centre d’histoire du travail, Peuple et Culture 44, l’Arpej… « En quelques années, on est passé des images bricolées à des documentaires semi puis entièrement professionnels », témoigne Jean-Paul Paquereau. À la fin des années 90, le forum quitte les locaux de la Classerie pour le théâtre Saint-Paul puis le cinéma du même nom. « C’est la fin de l’entre soi », convient Christophe Patillon. Le cinéma Saint-Paul permet alors la diffusion de documentaires et de fictions au format cinéma. Et s’ouvre davantage au public.

Gérard Maray, trésorier de l’association Visages, Christophe Patillon, le président, Jean-Paul Paquereau, vice-président et l’un des fondateurs du forum.

Bien mieux que le journal télévisé !

Depuis la fin des années 90, le genre documentaire s’est beaucoup développé. Les films sont réalisés par des  professionnels, très souvent engagés eux-mêmes dans ce qu’ils produisent. « Les propos des auteurs sont construits et assumés, c’est autre chose que ce que l’on voit au journal télévisé ! », ajoute Jean-Paul Paquereau. Face à cette offre diversifiée, que les bénévoles vont débusquer aux quatre coins de la France et dans les festivals, l’équipe décide de déterminer un thème annuel.

Chaque diffusion, en présence de l’auteur fait l’objet d’un débat. « Ce qui nous intéresse, au-delà de la qualité du film, c’est sa capacité à provoquer le débat, à faire naître la contradiction et à échanger avec les spectateurs », témoigne Christophe Patillon. Quitte parfois à déplaire comme ce film sur la réalité du logement social à Nantes qui provoquera la colère de certains organismes concernés. « Le fait de dévoiler, de montrer fait évoluer les pratiques », confirme Gérard Maray. Le fil rouge du forum en quelque sorte « pour valoriser les actions de ceux qui luttent pour un monde plus supportable », précise Jean-Paul Paquereau. Avec une conviction partagée par tous les bénévoles : « Un documentaire à la télé et un documentaire projeté lors du forum, ce n’est pas la même chose. Ici, on va en débattre, en discuter. » Une invitation faite à tous les publics sans restriction.

Le forum en chiffres