Créé en 1990, le Centre nautique Sèvre et Loire réunit à Trentemoult les passionnés de navigation en « voile-avirons » sur la Loire.
L’histoire commence en 1987 : Émile Robert et Yvon Kerhervé, qui vivent à Trentemoult depuis quelques années, organisent la fête « Chants et dits de marins et de mariniers », « pour animer le quartier, qui se mourait à l’époque ». Par le titre alléchés, quelques Douarnenistes qui viennent de lancer leur revue Le Chasse-marée débarquent et… embarquent, en mettant à l’eau leurs embarcations voile-aviron : « Nous, on les regardait depuis le quai, c’était frustrant mais ça nous a donné des idées…, se souviennent Émile et Yvon. François Vivier, architecte naval, nous a dit : “vous avez un plan d’eau particulier, il vous faut un bateau spécifique.“ » C’est lui qui dessine le Seil dont les deux premiers exemplaires, Trentemoult et Norkiouse, sont construits en 1989 dans le local du club nautique de Trentemoult, près de l’actuelle maison des Isles : « Mais un tragique accident survenu dans les années 60 avait durablement marqué les esprits, il n’était pas question pour le club de pratiquer la plaisance sur la Loire. »
La renaissance des régates
La rupture est consommée. Les « voile-avironneux » quittent le club avec leurs navires et créent, en février 1990, le Centre nautique Sèvre et Loire. Objectifs : « Créer une base nautique à Trentemoult, promouvoir la construction des bateaux voile-aviron, nous rapprocher de notre environnement maritime et fluvial en naviguant, faire partager cette approche et nos savoir-faire avec les jeunes, enfin ne pas rester sur notre île et nous tourner vers la fédération française de voile. » Dans la foulée, les complices relancent la tradition des régates de Trentemoult, initiées en 1848 et abandonnées vers le milieu du xxe siècle : « À la louche, on a décidé que nos premières régates seraient les centièmes depuis l’origine ». La fête est un succès immédiat mais, pour les bénévoles, c’est un travail de Romain : « On installait nous-mêmes des pontons, avec des poteaux télégraphiques ! » Épuisés, prêts à renoncer, ils obtiennent pour les aménagements, la sécurité sur l’eau et les animations à terre l’aide de la Ville, consciente de l’intérêt d’un tel événement. Depuis, pas un mois de septembre sans voiles sur la Loire devant le village, et fête sur le quai : « La manifestation a donné de la visibilité et de la reconnaissance à l’association. »
Un tube, une chorale et des camemberts…
Le CNSL obtient l’usage d’un local municipal avant d’emménager, en 1996, dans « le tube », hangar près du chantier naval Lebeaupin. Au départ de ce dernier, la Ville acquiert les locaux, où le CNSL prend ses aises. C’est là que les adhérents construisent, rénovent et réparent leurs bateaux, activité principale du centre, mais pas unique. Depuis vingt ans, sa chorale, les Babordéliques, répète chaque lundi car « On a toujours chanté sur les bateaux. » En 2003, on a fêté la première promotion de titulaires du « Camembert » (Certificat d’aptitude à mener un équipage et à manœuvrer un bateau sous l’entière responsabilité du titulaire), qui auront démontré au cours des mois précédents leur capacité à prendre un charge un bateau et son équipage. Ils sont aujourd’hui 90. « Nous ne sommes pas une école de voile, mais nous partageons les savoir-faire. Nous organisons de petites formations sur la lecture de cartes marines, la confection de nœuds marins et nous assurons des entraînements sur l’eau, les Zem, pour les zentrainements à la manœuvre. »
L’histoire continue avec le projet d’aménagement du bâtiment pour en faire un vrai centre nautique répondant aux normes de la fédération. Le CNSL espère aussi la prise en charge par Nantes métropole de l’élargissement de la cale qui jouxte le centre : « Nous étions le centre d’accueil des petits bateaux pour Débords de Loire, on a clairement vu les limites de notre infrastructure lorsqu’il s’agit de mettre à l’eau et d’en sortir plusieurs dizaines de bateaux. »
Ces trente dernières années, pas moins de soixante bateaux ont été construits ou rénovés ici. La structure réunit environ 180 adhérents, un nombre stable au gré des départs et des arrivées.