1917 : des Américains à Rezé
(juin 2017)

Le 26 juin 1917, les premières troupes américaines débarquent à Saint-Nazaire, installent des camps jusqu’à Nantes. Rezé est mobilisé également. Tout l’estuaire de la Loire va s’en trouver modifié. Et le quotidien rezéen « perturbé »…

Le 6 avril 1917, les États-Unis entrent dans la Première Guerre mondiale. Tous les ports de la Manche étant saturés par les navires britanniques, les ports de l’Atlantique sont logiquement ciblés par l’armée américaine. C’est ainsi que 200 000 soldats américains débarquent sur les quais du port de Saint-Nazaire à partir du 26 juin 1917. Suivent plus de trois millions de tonnes de matériel.

Les soldats américains arrivant à Saint-Nazaire. © Centre d’histoire du travail

Des camps d’une capacité totale de 60 000 hommes sont établis en Loire-Atlantique (Loire-Inférieure à l’époque) notamment à Saint-Nazaire (camp n°1) jusqu’à Nantes. Un immense entrepôt de 650 hectares voit le jour à Montoir-de-Bretagne. Savenay devient le principal hôpital militaire français d’une capacité de 16 000 lits !

Les maires de Nantes, Paul Bellamy, et de Saint-Nazaire, Louis Brichaux, accueillent avec ferveur le corps expéditionnaire américain qui revitalise le trafic portuaire. Ils mobilisent tous les maires de leurs arrondissements, dont Jean-Baptiste Vigier, maire de Rezé.

200 000 soldats dans l’estuaire

Officiers de la base hospitalière américaine n° 216 implantée dans le parc du Grand-Blottereau. Photographie de 19 officiers de la base.

La présence américaine bouleverse et modifie l’environnement de l’estuaire de la Loire : naissance de la raffinerie de Donges, remblaiements à Montoir et création de nouveaux quais portuaires, construction du terminal frigorifique, creusement d’étangs à Saint-Nazaire et à Savenay pour répondre aux besoins en eau potable, nouvelles voies de chemins de fer, chaussées communales et routes restructurées…

L’arrivée des 200 000 soldats américains sur le sol nazairien n’a pas seulement bouleversé et modifié l’environnement de l’estuaire de la Loire. Les Doughboys, aussi surnommés Sammies par les Français, ont fait chavirer bien des cœurs !

Quotidien chamboulé

© Archives de Nantes fonds Potet

D’ailleurs, le bulletin confidentiel de l’état-major de l’armée signale, en juillet 1918, que « la tenue des Américains »  attire « la sympathie et l’admiration de la population »… Aimables, disciplinés, « jeunes et magnifiques », les éloges sont légion. L’estuaire se met au diapason de la mode américaine, mâche du chewing-gum, joue au basket, se déhanche en écoutant du jazz… Ce qui n’est pas du goût de tous.

Rezé accueille alors plus de 700 officiers et soldats dans toute la ville. Ce qui n’est pas sans poser des problèmes au regard des bonnes mœurs de l’époque. La directrice de l’école des filles du bourg s’inquiète, auprès des autorités, de la vue de ces hommes torses nus à la toilette du matin. Une vue susceptible de perturber les jeunes institutrices dans l’exercice de leur fonction !

L’amour américain

Quatre mariages franco-américains
ont été célébrés à Rezé en 1919.

De vraies histoires d’amour naissent entre soldats américains et Françaises : 234 unions sont célébrées à Saint-Nazaire, 80 à Nantes. Rezé n’y échappe pas et devient « love ». Quatre mariages se succèdent entre juin et décembre 1919 : ceux de Marie-Louise Briant avec Clifford Watkins, de Marthe Cloury avec John Boyd et des sœurs Pichon. Jeanne qui épouse John Leyh et Raymonde, John Collins. Toutes ces alliances franco-américaines (320 au total) ont-elles été marquées du sceau de la réussite ? « Difficile d’y répondre, écrit Yves-Henri Nouailhant dans  Soldats américains et civils français de la Basse-Loire pendant la Première Guerre mondiale, car un certain nombre de divorces prononcés en Amérique n’ont pas été reportés sur les registres français. »