Le MIN prépare nos assiettes de Noël

L’activité monte en puissance au MIN (Marché d’intérêt national) de Nantes Métropole, sur le parc d’activités Océane. Reportage au petit matin au cœur du « ventre » du Grand Ouest.

Sur les coups de 5h30, au MIN de Nantes Métropole, le ballet des voitures et des camions bat son plein. Dès 3h30, les poissonniers sont venus faire leur choix les premiers, suivis des vendeurs de fruits et légumes sur les marchés. Patrice Mariot lui s’est levé à 2 heures du matin, comme chaque jour depuis 26 ans ! Une longévité que le responsable du marché explique par la passion. « J’aime le contact, les gens. Le MIN, c’est un monde de la gouaille, vivant », souligne-t-il.

Avec, au cœur de cet enthousiasme, un brin d’inquiétude devant ce Noël qui se profile sur fond de pandémie galopante. « Beaucoup de repas sont annulés, les grossistes vont perdre 15 à 20 % de chiffre d’affaires », estime Patrice Mariot. Avec son œil aiguisé, il estime la fréquentation du jour à moins de 3 000 personnes, alors qu’elle avoisine habituellement les 5 000. La période des fêtes est cruciale pour les opérateurs du MIN et le sentiment de morosité se retrouve chez la plupart des grossistes et producteurs.

La truffe sous toutes ses coutures

« On n’a pas de visibilité, les achats se font au dernier moment. Mais on va limiter la casse avec le particulier », se rassure Françoise Rapiteau, responsable d’exploitation chez la Maison Masse.

La vénérable entreprise familiale, née en 1884, est spécialisée dans les produits festifs, foie gras surtout, mais aussi caviar, truffe… Des produits dont la valeur marchande justifie toute l’attention des vendeurs comme des acheteurs, comme de cet intermédiaire, venu choisir des truffes pour des grands chefs, scrutant et sentant longuement les morceaux choisis. A 800 euros le kilo, cela se comprend…

Quand le homard se fait rare

Chez Berjac, un des principaux grossistes du MIN, les couloirs du magasin en libre-service sont parcourus par des clients mais aussi par des préparateurs de commandes. C’est une tendance forte du commerce alimentaire : les jeunes générations se déplacent moins au MIN et se font livrer.

Dans la même logique de service, Berjac propose des produits de plus en plus élaborés grâce à ses ateliers de découpe des viandes, de filetage des poissons, son fumoir et sa chambre de maturation.

A quelques jours de Noël, Cédric Civet, le responsable marée, regarde les prix du homard et de la langoustine flamber, car ils sont « hyper compliqués à trouver ». Mais les huîtres seront là en nombre pour le réveillon, rassure-t-il. Ouf !

 

 

Des produits exotiques…

Dans son immensité, il s’étend sur 20 hectares, et sa diversité, le second MIN de France (en chiffre d’affaires) joue des contrastes, entre des produits venus du bout du monde et ceux ramassés dans des champs presque voisins.

Chez Charpentier Primeurs et Atlantic Primeurs, la saison des fruits exotiques explose de couleurs.

A côté des produits connus depuis de longues années, arrivent le mangoustan, le ramboutan, le pitaya, et des « créations » comme l’orange chocolat ou le kiwi rouge.

… à ceux de nos champs

Jacques Charron, maraîcher à Haute-Goulaine présente la crapaudine, « une betterave de région et de saison, plus sucrée ».
Jacques Charron, maraîcher à Haute-Goulaine présente la crapaudine, « une betterave de région et de saison, plus sucrée ».

Un peu plus loin, sur le Carreau des producteurs, c’est plus une authenticité et une fraîcheur qu’ils viennent dénicher. On y trouve de la mâche de Carquefou, récoltée à la main la veille, ou encore la crapaudine, « une betterave de région et de saison, plus sucrée », cultivée par Jacques Charron, maraîcher à Haute-Goulaine.

Éleveur de chèvres et producteur de fromages en bio dans le Saumurois, Jean-Paul Dilé vient tous les vendredis sur le MIN de Rezé.

Éleveur de chèvres et producteur de fromages en bio dans le Saumurois, Jean-Paul Dilé vient tous les vendredis sur le MIN de Rezé. Il y vend 60% de sa petite production. Le dynamisme du Carreau attire régulièrement de nouveaux producteurs. Ce 10 décembre, Jérémy Diais, naisseur engraisseur de porcs bio à Oudon, y vend pour la première fois sa production et démarre « un essai de six mois ». Avec l’espoir de toucher des magasins et épiceries plus lointains, que sa logistique ne lui permet pas de livrer.