Femmes du Château : libres d’aller où elles veulent, quand elles veulent ?

Lors d’une balade nocturne organisée par la Ville dans le quartier du Château, une dizaine d’habitantes du quartier ont pointé les lieux où elles ne se sentent pas tranquilles. Leur vécu et leurs remarques sont précieux pour les services concernés par l’amélioration du cadre de vie.

Elles sont une dizaine, habitantes du quartier du Château, au rendez-vous ce lundi 18 novembre à 20h30 pétantes devant le Point accueil jeunesse. Départ d’une balade pas comme les autres.

Au cours de deux réunions préalables, elles ont fixé l’horaire et le parcours. Ce soir, en compagnie d’Alison du centre socioculturel, de Lucie du service dialogue citoyen, de Françoise, agent de développement de la direction des solidarités et de Morgane de la tranquillité publique, elles vont parcourir leur quartier pour montrer les endroits qu’elles évitent ou traversent le plus vite possible, surtout le soir, en expliquant pourquoi.

On commence par la place du Pays-de-Retz, un vaste parking peu éclairé « qu’on traverse vite, quand on y est obligées », puis on prend le tram jusqu’à l’arrêt Balinière, que plusieurs préfèrent à l’arrêt « François-Mitterrand », quitte à marcher davantage pour éviter, à certaines heures, d’être confrontées sur la place à des groupes de personnes qui les inquiètent.

On sait bien qu’il y a peu d’agressions en fait. N’empêche que dans certains endroits, on fait les braves mais on a la trouille. Même s’il n’y a pas de danger réel, certains éléments constituent un climat inquiétant.

On fait les braves mais on a la trouille

Parce qu’elles sont des femmes, parce que certaines ne sont plus toutes jeunes et ont conscience d’être plus fragiles, elles ne se sentent pas libres de se déplacer tranquillement partout : « On sait bien qu’il y a peu d’agressions en fait. N’empêche que dans certains endroits, on fait les braves mais on a la trouille. Même s’il n’y a pas de danger réel, certains éléments constituent un climat inquiétant. »

Sur le chemin du retour à pied, elles pointent ici l’éclairage absent ou insuffisant, là l’aspect de la ruelle : « Ce muret délabré longeant la salle du Seil, ça fait glauque ».

Plusieurs affirment : « On passe quand même, parce que si on a peur, on ne sort plus de chez soi ! On ne va pas se priver d’une sortie parce qu’on a la trouille pendant cinq minutes ! Mais on marche vite… » D’autres avouent prendre leur voiture, même pour de petits trajets, plutôt que le tramway. Elles racontent adopter dans le tram une attitude particulière : on monte près du conducteur, on ne s’assied pas, pour montrer qu’on est valide, on tient son sac bien serré… « Dans la journée, ça va, il y a du monde, mais vers 20h, dans le tram, ça commence à craindre. »

Réponses techniques et système D

La démarche de gestion urbaine et sociétale de proximité (Gusp), initiée par la Ville, cherche à maintenir et améliorer le cadre de vie des habitants, en impliquant tous les acteurs concernés : services techniques, jeunesse, Nantes Métropole pour les questions de voirie et de déchets…

« Des « diagnostics en marchant » pour tout public ont eu lieu en 2017 et 2018, explique Françoise Mocquard, agent de développement du quartier Château. Puis, nous avons engagé une réflexion partant d’une affirmation : « Les femmes peuvent aller où elles veulent dans le quartier ». Plusieurs habitantes se sont alors portées volontaires pour faire ensemble cette promenade et montrer leur réalité. »

Une réunion de débriefing est programmée dans la foulée. Les remarques issues de l’opération seront transmises au comité technique de la Gusp, qui pourra faire des propositions de réponses techniques.

Déjà, entre elles, les femmes présentes ont commencé à élaborer des stratégies façon système D : se contacter pour faire certains trajets ensemble, par exemple.

Le copiétonnage pourrait bien se développer dans le quartier…