Président de l’amicale laïque Houssais-Chêne creux depuis vingt-deux ans, Yannick Bachelier accueille au quotidien tous les habitants du quartier sans distinction, en application d’une loi qui est pour lui « d’apaisement ».
Votre engagement dans l’amicale laïque ne date pas d’hier…
En effet, je fais partie du conseil d’administration depuis quarante-deux ans ! J’en suis le président depuis vingt-deux ans. Mon père était amicaliste, il a su me communiquer ça, passer le flambeau. L’amicale est depuis l’origine très liée à l’école. Elle est née en 1959 dans le quartier alors récent de la Houssais. Des parents se sont associés pour peser sur les décisions de l’école, monter une cantine. Ils ont été rejoints par les parents de l’école du Chêne creux construite quelques années après. L’amicale réunit aujourd’hui quatre écoles.
Quelle est la fonction de l’amicale laïque actuellement ?
C’est toujours de soutenir les écoles laïques du quartier. Mais, peu à peu, nous avons ouvert des sections liées à notre mission d’éducation populaire. La première section, celle de la danse classique, existe toujours. À l’époque, c’était encore une discipline élitiste, que nous avons mise à la portée de tous. Aujourd’hui, 19 sections très diverses permettent à tous d’accéder à des activités de sport et de loisir. Si le lien avec l’école publique reste très fort, beaucoup d’enfants du quartier qui fréquentent l’école privée participent aussi à nos activités.
Qu’est-ce que la laïcité pour vous ?
Pour moi, c’est le vivre ensemble. Au sein de l’amicale, la laïcité est une valeur essentielle, qui nous oblige à accueillir tout le monde et leur offrir des activités qu’ils n’auraient pas cru à leur portée. La loi de 1905 permet la liberté de choix pour chacun, la liberté de se faire une opinion tout seul et de ne pas être jugé là-dessus. La loi de laïcité donne un cadre dans lequel toutes les opinions sont acceptées. C’est une loi d’apaisement. Les récents événements nous ont montré que ce n’est pas clair pour tout le monde. Pour plein de gens, c’est négatif, alors que c’est une loi de liberté. Faire comprendre ce concept est un travail de longue haleine…
Quels sont vos souvenirs les plus marquants de votre vie d’amicaliste ?
Plein de choses… La première fête de l’école – on disait kermesse à l’époque – en 1959, et beaucoup d’animations dans le quartier auxquelles participent des gens de tous les milieux, quelles que soient leurs convictions ou appartenances.
Que vous apporte cette activité, prenante, de président de l’amicale ?
On sature parfois, mais ça me plaît toujours ! La proximité avec les gens, la défense de nos valeurs… Le positif prend toujours le pas sur le négatif.
De quelle manière transmettez-vous ces valeurs de laïcité ?
C’est par notre façon d’être que le message passe. Notre façon de faire vivre nos activités sans discrimination. Il n’y a pas de prosélytisme laïc, la laïcité n’est pas une opinion.