Dominique Avril est depuis vingt-cinq ans directeur de l’école Château sud. Il est aussi membre de l’amicale laïque de l’école. Deux casquettes portant les mêmes couleurs : celles de la laïcité.
Que représente pour vous la laïcité ?
Elle est pour moi synonyme de liberté : liberté de penser, liberté de conscience, liberté de s’exprimer – en respectant l’autre. Elle représente un progrès important dans notre société, progrès qui n’est pas si ancien. Elle est le contraire de l’obscurantisme et de l’exclusion. Être laïc, c’est avoir l’esprit ouvert, prendre en compte l’avis des autres.
Comment la pratiquez-vous au quotidien ?
Sans m’en rendre compte ! C’est une donnée intégrée dans nos vies. Mais on prendrait vite conscience de son importance si on en était privés. Dans certains pays, certaines religions n’autorisent pas à ne pas croire. C’était le cas en France et en Europe il n’y a pas si longtemps. Pensez par exemple à Galilée, condamné pour hérésie…
La laïcité vous semble-t-elle menacée ?
C’est en tout cas un combat permanent, il nous faut rester vigilants, rien n’est jamais acquis.
Qu’en est-il à l’école, avec les élèves ?
Dans mon école, les élèves sont de toutes origines et de plusieurs religions, ou sans religion. Les débats sont riches et sans altercation. L’école est le lieu où les enfants peuvent entendre la parole d’autres enfants qui croient ou pensent différemment. Ça se passe très bien. Je n’ai pas remarqué de dégradation à ce niveau. Je constate que, depuis quelques années, il y a plutôt moins de plaintes d’enfants pour injures racistes. Depuis trois ans, comme une directive ministérielle nous y oblige, nous distribuons à la rentrée la charte de la laïcité et avons ajouté au règlement intérieur une mention sur l’interdiction de la discrimination. Nous avons parlé de laïcité à l’occasion de l’hommage rendu à Samuel Paty, qui s’est déroulé dans le respect.
Et vous êtes aussi membre de l’amicale laïque. Pourquoi ?
L’amicale du Château est très centrée sur l’école. Nous participons à la fête du quartier, au carnaval, soutenons le projet d’école. D’ordinaire, nous organisons un goûter de Noël… Pour le remplacer cette année, nous préparons une vidéo qui sera diffusée via le site web du centre socioculturel. Faire partie de l’amicale est complémentaire de mon travail, en sortant du scolaire : cela me permet de tisser des liens avec certains parents d’élèves et cela participe de la dynamisation de l’école. Je suis amicaliste aussi par conviction, pour soutenir l’idéal laïc et défendre l’école publique.
Constatez-vous une diminution de l’activité amicaliste ?
Au contraire, cette année, de nouveaux parents nous ont rejoints, avec plein de belles idées. Dommage que ce nouveau souffle ait été interrompu par le reconfinement, mais il reprendra. Je ne sais pas si c’est la crise sanitaire et le confinement qui ont donné l’envie à certains de se manifester, mais c’est bien possible, car la situation et les restrictions ont mis en évidence le besoin de se retrouver, de s’engager, de faire des choses ensemble.