Aude Chevalier, enseignante en collège et amicaliste à Château sud

Aude Chevalier, professeure d’histoire-géo, est membre de l’amicale laïque Château sud. Dans ses classes comme à l’école de ses enfants, la laïcité occupe une place centrale, elle représente la liberté de conscience et l’égalité de chacun face à l’État.

Que représente la laïcité pour vous ?

Pour moi, c’est la possibilité d’être libre de sa conscience, de sa pratique religieuse ou de sa non pratique religieuse. C’est aussi l’égalité de tous devant l’État, quelles que soient nos opinions.

Quelle place occupe la laïcité dans votre quotidien ?

Une place centrale ! Elle est au cœur de mon enseignement, puisque la laïcité est au programme du collège, dans toutes les classes. À la suite de l’assassinat de Samuel Paty, nous avons organisé un temps d’explication et d’hommage, à deux adultes par classe, pour échanger autour de textes poétiques, de caricatures de presse, de la charte de la laïcité, de slams… Dans notre enseignement, la laïcité est un concept naturel et concret. Les conflits sont rares. Il y en a peut-être en sourdine… Je crois que les élèves comprennent que la croyance doit rester une affaire personnelle.

Pourquoi avez-vous rejoint l’amicale laïque ?

Je suis arrivée de la région parisienne à Rezé il y a cinq ans, à la faveur d’une mutation. Nous nous plaisons beaucoup ici. Plusieurs raisons m’ont amenée à m’engager dans l’amicale laïque. En premier lieu, il me semble important de m’investir dans la vie de l’école où sont mes deux garçons, en moyenne section et en CE1. De plus, en tant qu’enseignante, je déplore souvent le manque d’implication des parents d’élèves, je me suis sentie tenue de faire cet effort.

Quel est le rôle de l’amicale laïque ?

Pour les écoles, c’est une sorte de lanterne qui éclaire tout le reste. À travers des actions ponctuelles, la fête de fin d’année, le carnaval, des actions autour de la lecture…, ce phare illumine toutes nos facettes, et peu importe d’où on vient, ce qu’on mange ou pas, ce qu’on pratique ou pas. L’année dernière, par exemple, beaucoup de parents avaient participé au goûter de Noël. On a goûté des gâteaux de tous horizons ! La laïcité permet une ouverture à toutes les cultures.

Pensez-vous que les diverses prises de conscience liées au premier confinement ont amené des parents à l’amicale laïque ?

Je ne sais pas, mais c’est possible. À Château sud, nous sommes plusieurs nouveaux dans l’amicale, dont quelques amis et collègues. Nous nous sommes entremotivés. Les gens hésitent à s’engager, ils invoquent des problèmes de disponibilité, disent que c’est compliqué de dégager du temps… C’est vrai mais, en réalité, le conseil d’administration de l’amicale ne se réunit que trois fois par an, la contrainte n’est pas énorme. Cependant, pour les actions ponctuelles, nous n’avons aucun problème pour trouver des parents bénévoles. Ils sont à l’écoute.

Que vous apporte votre participation à l’amicale ?

Pour nous qui n’étions pas du coin, cela nous a permis de découvrir la vie du quartier et nous y intégrer, de nous faire des amis. L’amicale, c’est aussi un réseau d’entraide. Les rapports y sont différents, y compris avec les enseignants. D’anciens enseignants de l’école sont amicalistes ; ils assurent une transmission très enrichissante en nous racontant l’histoire de l’amicale, de l’école, du quartier. Et le partage d’expériences diverses est très intéressant.