Une nouvelle page s’ouvre pour le vieux bourg
(septembre 2017)

Le cœur historique de Rezé va vivre ces prochaines années un réaménagement destiné à le redynamiser. Il a connu bien d’autres évolutions à travers les âges.

À l’aube d’un réaménagement d’importance, le bourg de Rezé a connu à travers les siècles d’autres phases de profondes transformations. Qui se sont bien souvent accompagnées de découvertes archéologiques majeures lors des travaux. Car le bourg actuel s’est bâti sur les vestiges de la ville antique de Ratiatum. Chaque projet immobilier fait l’objet de fouilles préventives et nous ramène à ce lointain âge d’or.

Après le déclin du port gallo-romain, le site apparaît fortement lié au pouvoir religieux. On y a retrouvé au niveau des Champs Saint-Martin les fondations d’une vaste basilique du 6e siècle. Sur l’actuelle place Édouard-Macé fut érigée au 15e siècle la Chapelle de la Blanche, lieu de pèlerinage. Elle a été détruite en 1913. Quant à l’église Saint-Pierre actuelle, elle a été déplacée sur son axe nord-sud en 1867. Le 19e siècle est pour le bourg une période de changements conséquents. Un pont sur le Seil, bâti en 1857, et une chaussée construite vers Trentemoult concourent à son désenclavement. Le bourg devient à cette époque le centre politique de Rezé avec une première mairie en 1841 puis en 1895 la construction de l’hôtel Grignon-Dumoulin, ancienne mairie qui abrite toujours des services municipaux.

Entre ville et campagne

Au début du 20e siècle et jusque dans les années 1950, le bourg vit entre ville et campagne. « Il y avait une ferme rue François-Marchais. Et pendant les vacances, on allait, avec la fille de la ferme, garder les vaches dans les prés », se souvient Gisèle Lecoq, née dans le bourg à la fin des années 1930 et qui y vit toujours. Des prairies vers le Seil, des vergers, des moulins et des maisons bourgeoises dessinent le paysage d’un bourg semblable à un gros village. L’industrie est peu présente, exceptés la maçonnerie Marchais et les feux d’artifice Ruggieri dans l’actuelle rue Émile-Zola.

Le commerce est florissant et génère une vie sociale intense. Le bourg compte jusqu’à sept épiceries, souvent créées par des veuves de la guerre 14-18, plusieurs cafés, un poissonnier, un sabotier… Le quartier a même sa porteuse de pain, Charlotte Talet, la fille des boulangers, qui livre les habitants chaque jour. Parfois dans des conditions épiques. « Tous les ans, on avait des inondations à la fonte des neiges (…) C’était de la prairie. On traversait tout ça avec le bateau que la mairie nous avait donné pour ravitailler les gens », a-t-elle raconté dans un entretien avec le service des Archives. On ne s’ennuie pas au bourg, avec les activités organisées par le patronage et celles de l’amicale laïque, sans oublier la présence d’un cinéma associatif.

« Tout le monde connaissait tout le monde. L’été, quand il faisait beau, on se rassemblait sur la place. Et puis, on discutait le soir jusqu’à ce qu’il fasse noir. »
Le bourg après guerre, raconté par Gisèle Lecoq.

L’extinction du commerce

Les années 1930 à 1950 voient certains secteurs s’urbaniser, comme l’avenue des Treilles. Cette densification prend un tour moderne et vertical avec la Maison radieuse de Le Corbusier en 1955. D’autres immeubles suivront. L’arrivée de Leclerc, en 1974, provoque la disparition progressive de la majorité des commerces. La dernière grande transformation est la construction du nouvel hôtel de ville en 1989. La vocation administrative du bourg se renforce, alors que son nombre d’habitants reste stable. C’est pour redynamiser le quartier que la municipalité a initié le prochain réaménagement du secteur situé face à l’hôtel de ville. Le projet, réalisé par le promoteur Bâti-Nantes prévoit la construction de 180 logements collectifs dont 20 logements sociaux dédiés aux seniors et 14 logements sociaux familiaux. 1 000 m² de commerces sont programmés, avec le relogement prioritaire des activités existantes. Le promoteur va participer au financement de l’espace public, dont la création d’une nouvelle place devant la mairie et la transformation du jardin du presbytère en parc public. Certains anciens du quartier, qui faisaient le mur pour aller y jouer petits, pourront à nouveau profiter de ce jardin ! La nouvelle physionomie du bourg commencera à se dessiner en 2020, date de livraison prévue pour les premiers logements.

« On sent un esprit et une vie de bourg, mais il manque des lieux où les gens puissent se retrouver. » (un groupe de voisins de la rue François-Marchais)