Tramway : la ligne 2 a trente ans (mars 2023)

En septembre 1992, le tramway faisait son grand retour à Rezé. Coup de projecteur sur une décision politique et un chantier qui ont durablement transformé la ville.

En septembre 1992, Rezé est de nouveau sur les rails ! Le tramway fait son grand retour au début du mois et, le 26 septembre, une grande fête célèbre l’inauguration de la ligne 2 (devenue la ligne 3). Pour l’occasion, de nouvelles rames sont apparues, accessibles aux personnes à mobilité réduite, et pouvant accueillir jusqu’à 340 voyageurs sur 39,40 m de long. L’éclipse du tramway sur la métropole nantaise n’aura pas été si longue : c’est en 1958 que le « Péril jaune », surnommé ainsi pour sa couleur mais aussi pour les accidents qu’il causait, cessa de rouler. Et dès 1985, Nantes retrouvait un service de tramway, étant l’une des deux villes pilotes, avec Grenoble, choisies par l’État pour relancer ce mode de transport urbain.

Face au succès de la ligne 1, les élus de Rezé se positionnent rapidement pour accueillir celle qui partira du centre de Nantes vers le sud. Le président du Syndicat intercommunal à vocation multiple de l’agglomération nantaise (Siman, « ancêtre » de Nantes Métropole) et maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault, et son homologue de Rezé, Jacques Floch, en valident le principe et un tracé se dessine. Alors que l’ancienne ligne filait jusqu’aux Trois-Moulins, le nouveau tramway traversera le Château, avec l’objectif d’ouvrir ce quartier sur l’extérieur pour le désenclaver. Quant au terminus et au dépôt, ils prendront place à la Trocardière, sur un ancien terrain de bicross.

Inauguration du tramway à la Trocardière en 1992

UN « MONSIEUR TRAMWAY » À LA BAGUETTE

Pour mener le projet, Jacques Floch s’appuie sur Gilles Retière, son adjoint au développement, intronisé « Monsieur Tramway ».
Celui qui deviendra plus tard maire de la Ville va s’efforcer, avec l’adjoint aux travaux et à l’urbanisme, Jean-Paul David, l’ingénieur, Michel Le Corre, la Semitan et la direction départementale de l’équipement de Loire-Atlantique de « faire en sorte que le tramway arrive sans qu’il n’y ait d’obstacle ». Trois points sensibles trouvent leur solution. La rue de la Commune-de-1871 étant trop étroite pour faire passer voitures et tramway, ce dernier se faufile au-dessus du ruisseau de la Balinière entre les arrêts 8-Mai et Balinière. La place du Château est complètement revue pour garder un plateau piétonnier, la circulation routière et les parkings nécessaires à l’activité des commerçants. Enfin, pour l’étroite rue d’Anjou, entre la médiathèque et la Trocardière, c’est l’exemple grenoblois qui inspire les concepteurs de la ligne 2 : les voitures rouleront sur les voies du tramway. Pour convaincre des riverains inquiets, Gilles Retière fera même le voyage à Grenoble avec deux d’entre eux.

1992 : inauguration de la ligne 2 du tramway à Rezé. De gauche à droite : Gilles Retière (adjoint au maire de Rezé en charge de l'urbanisme), Jacques Floch (maire de Rezé),Alain Chénard (ancien maire de Nantes qui réintroduisit le tramway à Nantes), Jean-Louis Bianco (ministre de l'Equipement, du Transport et du Logement) et Jean-Marc Ayrault (maire de Nantes).
1992 : inauguration de la ligne 2 du tramway à Rezé. De gauche à droite : Gilles Retière (adjoint au maire de Rezé en charge de l’urbanisme), Jacques Floch (maire de Rezé), Alain Chénard (ancien maire de Nantes qui réintroduisit le tramway à Nantes), Jean-Louis Bianco (ministre de l’Equipement, du Transport et du Logement) et Jean-Marc Ayrault (maire de Nantes).

En un peu plus de dix-huit mois, la phase travaux est rondement menée. Les rails sont posés entre janvier 1991 et mars 1992, au rythme de 17m par jour. « Nous avons saucissonné le chantier, le réalisant tronçon par tronçon, pour permettre aux automobiles de rouler dans Rezé », explique Gilles Retière. Pour informer les riverains, la lettre « TramTam » est publiée tout le temps du chantier, et une famille d’éléphants (certains s’en souviennent peut-être) fait office de mascotte de la future ligne.

LA VILLE TRANSFORMÉE

Dès son retour, le tramway change la vie de nombreux Rezéens et modifie l’apparence de la ville, sa nature même. « Nous n’étions plus la même commune de banlieue. La ville était arrivée dans Rezé, avec ses avantages et ses inconvénients », relate Gilles Retière.

L’accès rapide vers Nantes, facilité pour ceux qui n’ont pas de voiture ou sont englués dans les bouchons, ouvre des perspectives. « J’habitais le quartier du Château. Le tramway m’a permis de choisir l’option que je voulais dans un lycée nantais puis d’aller à la faculté en seulement quarante minutes. Je lui dois ma réussite scolaire ! », confie Sophie Barteau. D’autres, comme Alain Valignat, ont fait le choix de venir vivre à Rezé en raison du tramway. « Nantais depuis toujours, le projet de l’arrivée du tram à Rezé a été déterminant dans ma décision de traverser la Loire pour acquérir une maison rue de la Commune. Je n’ai jamais regretté d’avoir « passé le pont » », observe-t-il.

Au niveau architecture, le tramway a rythmé et embelli la ville. Des places ont été refaites, des liaisons entre quartiers créées et, rien que dans Rezé, 600 arbres et 16 200 arbustes et plantes ont été plantés le long des voies. Au fil des ans, la ligne s’est rallongée vers le nord, puis au sud vers Bouguenais, avant que la gare de Pont-Rousseau n’accueille en 2007 le terminus d’une autre ligne. L’histoire du tramway à Rezé continuera de s’écrire avec les deux nouvelles lignes qui desserviront d’ici quelques années le secteur des Isles.

En 2006, la ligne 2 est étendue de Trocardière à Neustrie (Bouguenais). Un an plus tard, c’est la ligne 3 qui reprend le terminus de Neustrie, laissant à la ligne 2 le soin de desservir Rezé jusqu’à sa station
Pont-Rousseau

Un parcours audio le 29 mars

Trois étudiants en master d’histoire publique à Nantes Université proposent un événement pour fêter les 30 ans de la ligne 2. Mercredi 29 mars, dans le cadre des Nocturnes de l’Histoire, ils invitent le public à revivre dans les rames l’histoire de la ligne et de chacun de ses arrêts grâce à un parcours audio. Des animations compléteront ces capsules sonores.