Souvenirs de rentrée…
(septembre 2018)

Avant que ne sonne la cloche et que les rangs ne se forment dans les cours, Marie, Manuella, Nadine, Jacky, Wilfried et Gérard ont plongé dans leurs souvenirs de première rentrée scolaire. Ils les partagent avec nous.  Le lecteur retrouvera sa petite madeleine de Proust.

« Encriers, blouses et premiers prix ! »

Quand nous nous asseyions à nos pupitres en bois, nos encriers de faïence blanche étaient remplis. Pour éviter de tacher nos vêtements, nous portions des blouses. Il me revient en mémoire cette tortue géante des mers autour de laquelle nous étions et écoutions la conférence ; j’avais 8 ans. Les premières de la classe avaient des prix, parfois même l’ouverture d’un compte d’épargne. J’ai quitté les rangs de l’école primaire tout début juin… 1968. C’était l’année des très grandes vacances. Ma première rentrée à Rezé en tant qu’enseignante fut à Plancher. La cour était fleurie de roses trémières. En région parisienne, je n’avais connu que des écoles très fermées, sans jardin. En tant que directrice, ce fut à Ouche-Dinier. Deux jours avant la rentrée, un camion avait démoli un pilier dans la cour…

Nadine Le Pabic, directrice de l’école Ouche-Dinier, retraitée depuis juillet 2018

« La peur d’arriver en retard »

Je me souviens de mon premier jour de fac à Nantes. J’arrivais de la campagne et je devais m’organiser pour y aller toute seule pour la première fois en tramway. Je ne savais pas comment me repérer, ni quel temps j’allais mettre. Je suis donc partie tôt et suis arrivée une demi-heure à l’avance. Je suis rentrée dans un amphithéâtre, j’ai attendu, mais ce n’était pas le bon. Du coup, j’ai vécu une grosse panique pour trouver la bonne salle. Et j’avais une heure de retard !

Manuella Hatchi, joueuse du basket club Saint-Paul Rezé

« Une première rentrée intimidante »

Je me souviens très bien de ma première rentrée à Sainte-Thérèse à Nantes. Je l’ai trouvée intimidante et inquiétante. Je tenais la main de mon frère, Claude, qui avait un an de moins que moi. Heureusement, nous étions deux et donc plus forts. Ma mère nous avait habillés de la même tenue, tels des jumeaux… Par nature, je ne suis pas extraverti. Ce jour-là encore moins ! Je rasais les murs. Je me souviens des goûters dégoûtants, de la cantine que je n’appréciais pas. Il faut dire que j’étais difficile. Et quand les enfants n’aimaient pas les plats, les bonnes sœurs leur servaient une double portion. Pas sympa. Je me souviens des prénoms de mes copains de classe, Nicolas, Guillaume, Jean-Pierre. Puis, l’apprentissage de l’écriture à la plume, l’encre violette, les taches sur les doigts…

Gérard Allard, maire

« Ah, la Cléopâtre ! »

Je me souviens de l’odeur de la colle blanche Cléopâtre. Nous en mangions ! Le  jour de la rentrée, j’étais content de revoir les copains, d’avoir un cartable et des cahiers neufs. Rencontrer la maîtresse et le maître était important pour moi. Je me rappelle de moqueries aussi : j’étais roux et je m’appelle Bureau… J’étais content et stressé en même temps. C’est toujours le cas aujourd’hui car, en tant que responsable périscolaire, il faut veiller à ce que tout soit bien calé et à se montrer rassurant et accueillant envers les familles.

Wilfried Bureau, responsable périscolaire Chêne-Creux

« Je pleurais les jours de vacances scolaires »

Moi, j’étais ravie de retourner à l’école, de retrouver les copains et copines. On apprenait les chansons d’Hugues Aufray avec des maîtres qui jouaient de la guitare. C’était juste après 1968. Les enseignants étaient très ouverts avec de nouvelles approches pédagogiques. Dans la classe, les tables étaient réunies par groupes de quatre. C’était l’époque des textes libres : tu rédigeais sur le sujet que tu voulais et le lendemain, tu lisais ta composition à la classe. Mon thème de prédilection : le voyage, l’évasion, les extraterrestres ! C’était aussi le début des écoles mixtes. Gars et filles se mélangeaient pour jouer. Même si l’élastique faisait déjà des émules chez les filles ! Et, aujourd’hui quinquagénaire, je fais toujours ma rentrée ! Ma première à Rezé était en 2013 avec la réforme des rythmes scolaires. Elle s’est plutôt bien passée. Et tous les ans, je ressens le même stress, souhaitant que tout soit prêt pour la rentrée des 3 500 enfants des écoles publiques. Mes 50 rentrées ne m’ont pas fait changer d’avis : si on était toujours en vacances, on s’ennuierait !

Marie Le Thiec, directrice de l’éducation à la Ville de Rezé.

« L’odeur de cire sur le mobilier »

Gamin, j’ai toujours aimé la rentrée scolaire et l’atmosphère précédant la rentrée. J’ai d’agréables souvenirs des odeurs de cire d’abeille dont on enduisait nos bureaux d’écoliers et le parquet de la classe le dernier jour d’école. Le plaisir de débuter la rentrée avec des cahiers tout neufs, et surtout de passer la première journée dans une ambiance doucereuse « à ne rien faire » à l’école, cette journée étant consacrée à la rencontre avec nos instituteurs et à la perception de nos livres et manuels scolaire pour l’année.

Jacky Petiz, chef d’entreprise

« Nous chantions pour couvrir le bruit des bombardements »

J’avais dix-huit ans en 1943. Je faisais partie du patronage et on s’occupait de faire jouer les enfants. On partait du cinéma Saint-Paul et on allait en chantant vers le parc de la Morinière. Il fallait de la joie en cette période de peur et de restrictions. Je me souviens des bombardements de septembre 1943, un peu avant la rentrée des classes, qui était en octobre à l’époque. Un  jour, nous nous sommes enfermés avec les enfants à l’intérieur du cinéma pour nous protéger. On a tellement chanté et crié fort que les enfants n’ont pas entendu le bombardement !

Marie Ventroux, institutrice à Rezé. Elle a fait du bénévolat durant toute sa vie