Grenier à grain de toute la région lors du XIXe, Pont-Rousseau s’est peu à peu fondu dans l’agglomération.
1808. Pont-Rousseau est en effervescence : on s’apprête à accueillir l’empereur Napoléon Bonaparte. Mais l’humeur est morose : le quartier, détruit par les guerres de Vendée, vit au ralenti. Vingt ans plus tard, l’activité économique reprend. « Les jours de foire, les dimanches d’été, les Nantais sont nombreux à emprunter le petit pont à arches : le seul à franchir la Loire depuis l’estuaire », rapporte Christophe Patillon, auteur de Pont-Rousseau en Rezé. Les citadins s’approvisionnent en vin, profitent des bords de la Sèvre alors très naviguée. Ils se mêlent aux paysans nombreux venus de Vendée et du Pays de Retz avec chevaux et charrettes pour vendre leurs récoltes et s’approvisionner.
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, plus d’un Rezéen sur deux habite à Pont-Rousseau « devenu lieu central de la vie économique et industrielle ».
Au XIXe siècle, le quartier de la rue Alsace-Lorraine est bondé de marchands et de négociants. Le commerce y est alors florissant. Bois, blé, bestiaux, chevaux, charbon : on trouve de tout à Pont-Rousseau. En témoignent encore les vestiges du moulin de Pront, les grandes portes cochères de la rue Alsace-Lorraine et les entrepôts d’arrière-cours transformés en résidences.
La crise du chemin de fer
Les archives l’attestent : « Autour de la rue principale se déploie un dédale de ruelles étroites, de venelles et de cours intérieures, dont certaines subsistent encore ». Cette activité est soutenue par les tenues maraîchères qui bordent le quartier et les marchands de bovins établis entre la gare et Saint-Paul. Le quartier prend de l’ampleur.
L’arrivée du train bouleverse la donne : la construction en 1866 de la ligne Nantes-La Roche-sur-Yon exclut Pont-Rousseau. Et le plonge dans une longue crise. L’ouverture en 1875 de la ligne vers Pornic, puis Machecoul et Paimboeuf et surtout la construction de la gare vont relancer la machine. En 1893, une nouvelle ligne vers Legé est mise en service.

L’exubérance du XXe siècle
Dans les années 1930, « la gare de Pont-Rousseau est une étable à ciel ouvert, où transitent chaque jour des milliers d’animaux » jusqu’aux abattoirs installés à l’embouchure de la Sèvre sur un terrain acquis par la Ville de Nantes. Le quartier s’industrialise avec l’installation des premières entreprises près du village de Haute-Ile. Pour détourner le trafic automobile croissant, on construit l’avenue de la Libération puis la route de Pornic. L’Artistic-Cinéma s’est installé au début de la rue Alsace-Lorraine et les cafés font le plein. Le cercle Saint-Paul et l’amicale laïque de Pont-Rousseau (AEPR) proposent des activités non seulement sportives mais aussi culturelles : le cinéma Saint-Paul, des grands galas, la célèbre revue des Roussipontains…
Une géographie unique
Dans les années 80, le percement des rues Louise-Michel et Louis-Aragon ouvre à la construction de nouveaux immeubles. La sous-direction des naturalisations quitte Paris avec sa centaine d’employés rejoint Pont-Rousseau où sont déjà installés la nouvelle gendarmerie (années 70) et des laboratoires médicaux à quelques mètres du parc de la Carterie. Une aubaine pour contrebalancer les grandes surfaces qui se développent à la périphérie. Le vieux tramway jaune qui allait jusqu’aux Trois-Moulins a cessé son service dans les années 1950. En 1992, le tramway nouveau modifie profondément le paysage et rend plus faciles les liaisons avec Nantes.
Pont-Rousseau est resté le plus gros quartier de la ville avec une géographie unique qui mêle trains, tramways, routes, rivière, activités, habitat, commerces, services, écoles, jardins familiaux, espaces verts, activités culturelles et sportives… Une géographie qui n’a pas fini d’évoluer à l’exemple des Nouvelles Cliniques et du gymnase du Port-au-Blé.