Plaisirs de Loire
(janvier 2015)

Le fleuve et ses abords ont été et demeurent un lieu de détente et de fête pour les Rezéens et leurs voisins nantais. Baignade, plaisance, restaurants, bals, promenade : certaines activités ont perduré, d’autres ont disparu.

On s’y promène, on s’y détend, on y jette un hameçon, on partage du bon temps en famille ou entre amis. En 2014, comme ils le faisaient dans les années 1930, Rezéens et Nantais se pressent sur les quais de Trentemoult, surtout le week-end et aux beaux jours.

Le roquio, puis le navibus

Le navibus aujourd’hui, les roquios hier, facilitent le lien entre les deux rives de Loire. Marcelle Le Floch, Trentemousine dont le père commandait un roquio, n’a pas oublié le vide créé par l’arrêt du service, à la fin des années 1950. « Quand il y avait les bateaux, tous les gens de Nantes venaient sur la rive sud du fleuve. Ils venaient manger le midi, ils passaient leur journée ici », se rappelle-t-elle. Certains arrivaient par leurs propres moyens nautiques. « Le canot basse-indrais, c’était la voiture de la famille pour aller pique-niquer », relate Hubert Jan, coprésident du CNSL (Centre nautique Sèvre et Loire).

La Loire est le lieu des régates

Régates à Trentemoult dans les années 1900

La Loire était autrefois beaucoup plus naviguée qu’aujourd’hui. Le développement de la voile de plaisance s’est fait à la faveur du vent maritime et du dynamisme des chantiers navals. Rezéens et Nantais étaient bien amarinés. On trouve trace de premières régates dès le milieu du 19e siècle. Au fil des ans, la fête populaire prend de l’ampleur et rassemble des milliers de curieux. Mais les conditions de compétition deviennent compliquées (courant de Loire plus fort, envasement, accessibilité) et celle-ci disparaît durant quelques années. Association de passionnés, le CNSL a relancé les régates de Trentemoult en 1990 et fait depuis la promotion d’une pratique adaptée et sécurisée de la navigation en Loire sur des voile-avirons.

Quand il y avait les bateaux, tous les gens de Nantes venaient sur la rive sud. Ils venaient manger le midi, ils passaient leur journée ici.

Beau Rivage, une plage à Rezé

Avant-guerre, le rendez-vous estival des badauds est Beau Rivage, une plage de sable fin au nom qui fleure la Méditerranée. Les cartes postales de l’époque nous montrent des nuées de gamins en maillot de bain, et dans l’eau. Car la différence notable dans notre rapport à  la Loire d’aujourd’hui, c’est qu’hier l’on s’y baignait. Et tout jeune. Michel Soulas, dont la famille s’est installée à Trentemoult après-guerre, se rappelle que lui et ses camarades ont « tous appris à nager dans la Loire ». « Les parents ne savaient même pas toujours qu’on était allés se baigner ! » Les plaisirs nautiques sont à l’époque à portée de main et les activités multiples autour de la plage Beau Rivage, située à l’emplacement actuel de la Maison des Isles. « On passait beaucoup de temps au bord du fleuve quand il faisait beau. On faisait des pâtés de sable. Et la marée montante emportait nos châteaux », raconte Émile Gomin, né en 1921 à Trentemoult. Le pêcheur de loisirs à la ligne côtoyait les filets des professionnels.

Après-midi boule nantaise au café de la Fraîcheur

Les bals du dimanche au bord de l’eau

Le même Émile Gomin se souvient avoir remporté un concours de chant, un « radio-crochet » comme on disait à l’époque, organisé sur la plage Beau Rivage. Le lieu tombe en désuétude à la suite de l’arrêté municipal du 30 avril 1947 interdisant la baignade face à Beau Rivage « en raison du danger provenant de l’échouage à cet endroit de coques de bateaux ». La guerre et ses destructions auront donc eu raison de cette plage rezéenne. Mais les quais sont aussi avant et après-guerre des lieux de distraction pour la jeunesse. La tradition du carnaval ou de la mi-carême a perduré des décennies à Trentemoult. Des chars, certains en forme de roquios, défilent sur les quais pour cette fête populaire. Les bords de Loire sont aussi le lieu où l’on danse. Ah, ces guinguettes où on danse au rythme des notes des orchestres musette. Les bals du dimanche, l’après-midi ou le soir, ont marqué des générations de Rezéens. De nombreux couples se sont ainsi formés face à la Loire…

Cuisine de Loire

Les quais de Loire rezéens accueillent toujours restaurants et bars où s’attardent riverains, Nantais et touristes. Ces établissements étaient déjà là il y a des décennies, seules les enseignes ont changé. Ils s’appelaient alors « Chez ma tante » à Haute-Ile, « Au Pavillon » et « À la terrasse » à Trentemoult. On y servait des plats typiques de Loire, anguilles, beurre blanc et friture matelote.