Loire : berceau d’activités
(mars 2015)

Jadis emblématiques, les chantiers navals et les bateaux de pêche ont quasiment disparu de Rezé. L’activité liée au fleuve, en pleine mutation, est aujourd’hui concentrée sur le terminal portuaire de Cheviré.

Chaque nouvelle découverte importante sur le port antique de Ratiatum nous le rappelle : le fleuve est depuis de longs siècles le berceau d’une activité économique intense. Nos « ancêtres » les Pictons et leurs descendants ont bâti des quais, des entrepôts, des ateliers à proximité de la Loire. Elle fut longtemps le meilleur moyen pour acheminer toutes marchandises et ressources pour se nourrir.

Ses eaux poissonneuses ont fait le bonheur des pêcheurs des îles de Rezé et des habitants de la région. En 1397, le duc de Bretagne Jean IV donne le monopole de la pêche à la senne en Loire aux habitants des îles de Rezé, Bouguenais et Sainte-Croix de Nantes. Au 17e siècle, Trentemoult se spécialise dans la pêche maritime, tandis que l’île des Chevaliers (villages de la Haute-Ile et la Basse-Ile) s’adonne à la pêche fluviale.

Tradition des métiers de la mer

En 1866, les métiers de la mer et du fleuve (capitaines au long cours, maîtres au cabotage, marins, pêcheurs, filetières…) sont exercés par 341 Trentemousins. En 1946, on dénombre encore 27 pêcheurs à Trentemoult. Aujourd’hui il ne reste plus qu’un pêcheur professionnel à Rezé : Jean-Luc Faucheux. Il s’est installé en 1993 à Haute-Ile. « À l’époque, nous étions encore cinq ou six à Rezé.», raconte-t-il. A pêcher la civelle, l’alose, la lamproie, l’anguille…

Ici sont nés des milliers de bateaux

Lors de la seconde moitié du 20e siècle, Rezé s’est spécialisée dans la construction de bateaux de plaisance avec les chantiers navals Lebeaupin (photo), les chantiers Bézier, Aubin.

Voilà quelques années, l’ultime chantier naval artisanal de Rezé, l’atelier du Bois Courbe, quitte Norkiouse, tournant la page d’un chapitre de l’histoire rezéenne : la charpente marine. Dès le milieu du 19e siècle, c’est là que se sont implantés les premiers chantiers, Chauvelon, qui emploie 58 ouvriers en 1857, Lemerle, puis Boju, Clergeau… Des milliers de bateaux, de toute sorte, sont sortis de ces ateliers rezéens. Après une première moitié du 20e siècle où sont produits des canots adaptés à la pêche en Loire, l’après-guerre voit Rezé se spécialiser dans les embarcations de plaisance, avec les célèbres chantiers Aubin, Bézier, le Chantier du Port, qui ferment tous dans les années 1980-90.

Le Port de Nantes en mutation

D’autres activités industrielles liées à la Loire ont façonné le paysage rezéen durant des décennies. La famille Champenois a ainsi fait le commerce du fer puis du charbon à partir du 19e siècle, utilisant le fleuve pour charrier ses matières premières. Liés à cette famille de grands industriels par un mariage, les Rigault ont transféré d’Orléans à Pont-Rousseau leur vinaigrerie en 1870 pour profiter du fleuve.

Héritières de cette Loire industrielle, les deux sablières établies à Rezé ont rejoint le port de Cheviré en 2012. Le terminal amont, situé sur les communes de Nantes, Bouguenais et Rezé, a été créé dans les années 1960 et plusieurs fois agrandi. 300 hectares de zones portuaires logistiques et industrielles sont aménagés sur le territoire métropolitain, à Cheviré au sud et Cormerais/Roche-Maurice au nord du fleuve.

Le port de l’agglomération a connu une profonde mutation ces 15 dernières années. « Les bois blancs du nord remplacent le bois tropical, le sucre arrive raffiné, le trafic d’engrais a chuté, alors que se développent les activités métallurgiques, le recyclage et l’export de céréales », explique Laurent Buvry, attaché à la direction de la relation clients de Nantes/ Saint-Nazaire Port.

Et demain ? « La fonction portuaire et fluviale sera indispensable pour l’agglomération. La route et le fer sont saturés, il faudra mettre un maximum de tonnes sur l’eau », conclut-il.

Quel port demain ?

De nouveaux trafics sont appelés à se développer sur le Port de Cheviré. Le bois énergie, pour approvisionner le Grand Ouest, le déchargement des éoliennes pour le Sud-Loire, et les barges transportant des tronçons des appareils d’Airbus, vont fortement augmenter ces prochaines années. Le débat Loire devrait faire émerger d’autres usages possibles du fleuve pour le futur.

Des marins bien accueillis

564 navires ont transité l’an dernier par le port de Nantes, avec à leur bord plus de 4 500 marins, venus des Pays de l’Est, des Philippines… La durée des escales et la taille des équipages se réduisant, les marins sont moins visibles à terre. L’association Nantes Port Accueil les assiste et tient pour eux des permanences dans le local du Centre nautique Sèvre et Loire (CNSL) à Trentemoult.