L’hôtel de ville a 20 ans
(janvier 2009)

Le 17 janvier 2009, il aura 20 ans. Vu depuis le toit de sa voisine, la Maison radieuse, il évoque la forme d’un bateau ou d’un œil. L’hôtel de ville réconcilie passé et moderne.

De la voie rapide qui s’en va vers Pornic, on en distingue à peine la coiffe. Un dôme en cuivre serti d’antennes et un beffroi ajouré derrière lequel se cache Le Corbusier. De la butte Sainte-Anne, de l’autre côté de la Loire, il ressemblerait plutôt au remorqueur de la Maison radieuse. Vu du ciel, ses lignes courbes et gracieuses évoquent la silhouette d’un monocoque amarré à deux pas de la Loire ou les contours d’un œil, dont l’iris ne serait rien d’autre que la fameuse coupole destinée à recevoir le conseil municipal. De toute évidence, le bâtiment de l’hôtel de ville ne laisse pas indifférent et se laisse voir dans tous les sens. Son auteur, l’architecte italien Anselmi en convient : « Les symboles sont nombreux, mais à chacun de faire travailler son imagination. »

Retrouver une unité de lieu

Quand, en 1985, l’équipe de Jacques Floch décide de construire le nouvel hôtel de ville, près de trente ans se sont déjà écoulés depuis le premier projet envisagé dans le quartier Château par le maire de l’époque, Georges Bénezet. Vingt ans plus tard, en 1977, c’est le site des Mahaudières qui requiert la faveur des élus. Mais l’ouvrage attendra : la priorité est donnée alors à la création d’écoles et de gymnases.

Les équipements achevés, le dossier hôtel de ville refait surface en 1983. Deux ans d’études pour déterminer le lieu le plus approprié et un cahier des charges précis. L’enjeu est de taille. L’hôtel Grignon-Dumoulin, date de 1894, et ne satisfait plus aux exigences d’une administration moderne. Les services administratifs sont dispersés dans cinq mairies annexes, ne permettant ni un service de qualité, ni la cohésion municipale entre les différents acteurs du territoire.

Réveiller le quartier historique sans le dénaturer

 

L’étude menée par l’Auran (Agence d’urbanisme de la région nantaise) montre que les Rezéens sont attachés à l’idée de maintenir la mairie dans le bourg. Une fidélité historique : le centre administratif y loge depuis plus… de 2000 ans. Mais aussi, une proximité de l’église, de l’école, des vestiges archéologiques. Et pour ledit bourg, l’occasion de retrouver un second souffle.

Un concours international est lancé. Soixante-quatre propositions sont soumises. Le projet de l’architecte transalpin l’emporte à la quasi-unanimité du jury. Commencé en septembre 1987, le chantier dure seize mois, marqué notamment par la découverte sur le site de cabanes augustéennes. À la mairie, les travaux sont suivis par le premier adjoint, Daniel Prin.

Synthèse entre passé et moderne

Aligné sur les petites maisons de la rue Jean-Louis, l’édifice atteint 17,70 m au niveau du beffroi. Histoire de rappeler la hauteur de l’ancienne mairie et de faire bonne prestance aux côtés de l’église Saint-Pierre.

En janvier 1989, le nouvel hôtel de Ville est enfin terminé. Le pari architectural semble réussi. « L’édifice ne devait pas exister seulement par lui-même, mais créer un lien avec tout ce qu’il y avait aux alentours. J’avais besoin de la force du béton pour faire exister le bâtiment entre les deux volumes énormes que sont l’église Saint-Pierre et la Maison radieuse », raconte Anselmi. « Outre le béton, j’ai choisi l’ardoise, le cuivre, le granit et le marbre. Ce sont des matériaux dignes, solides. Ils symbolisent la force et la permanence de la communauté. »

Clé du projet, le jardin-promenade est organisé sous forme de terrasses. Il met en scène au nord la Maison radieuse et rappelle ce que fut l’ancien tracé de la voie romaine menant à Ratiatum.

« Beau et fonctionnel sans être un objet de prestige », ainsi que le souhaitait Jacques Floch, le bâtiment suscite depuis son inauguration l’intérêt de nombreux visiteurs, près de 20 000 en 20 ans.