Les Naudières : 500 ans d’histoire
(octobre 2013)

Des terres offertes par François II à l’un de ses serviteurs au petit séminaire des missions africaines créé en 1890, sans oublier les épisodes de la guerre de Vendée et de l’occupation allemande, le site des Naudières a été le témoin des petites et grandes histoires qui font l’histoire de France et celle de Rezé.

« À la fin du 15e siècle, sous le règne de François II dernier duc de Bretagne, apparaît pour la première fois le nom de l’Esnaudière », raconte Michel Kervarec, président de l’association locale d’histoire, les Amis de Rezé, qui fouille les archives pour publier fin 2013 un livret sur l’histoire de ce domaine.

Paysage de landes après plusieurs défrichements, le site est un vestige de l’ancienne grande forêt de Touffou. Il est traversé par un ancien chemin qui mène du bourg de Rezé au village du Morteau (devenu l’Aufrère). François II a alors pour bras droit, Pierre Landais et un « serviteur fidèle » nommé Jehan Esnaud. Le premier est propriétaire de la seigneurie de la Jaguère acquise vers 1465. Le second reçoit l’autorisation de François II, pour bons et loyaux services, de construire un manoir sur la terre du premier. Ainsi naît le nom de l’Esnaudière.

La maison des nobles locaux

« À la fin du 16e siècle, au gré des successions, la propriété des Naudières tombe entre les mains de la famille Guiheneuc qui la conservera jusqu’au début du 18», ajoute Dominique Biron, des Amis de Rezé. Habitant Nantes, ils la fréquentent aux beaux jours. Quant à la seigneurie de la Jaguère, tombée dans le domaine royal, elle échoit à la famille de Monti qui devient le suzerain des Guiheneuc. Vers 1770, la construction de la route de Nantes à La Rochelle change les abords de l’Esnaudière, laquelle est devenue quelques années auparavant la propriété de la famille de Cornulier, quatrième fortune de Rezé. La famille quittera le domaine à la Révolution, ses biens tomberont dans le domaine public.

Le camp des Naudières et la guerre de Vendée

La guerre civile éclate en mars 1793. Le 27 août, le pouvoir républicain décide de régler le sort des insurgés vendéens en quelques jours. « Le camp des Naudières est édifié », témoigne Yves Lostanlen qui a eu accès aux archives de la guerre à Paris, et qui raconte ses découvertes dans un bulletin récent des historiens du Pays de Retz. « Le site est stratégique, poursuit-il, car il permet de protéger Nantes et d’attaquer la Vendée. » En appui des soldats, la population est mobilisée pour l’aménagement du camp qui s’étend des Trois-Moulins à la Morinière et 2 km au sud vers Ragon. « Plus de 6 000 hommes investissent le site qui sera un vaste bivouac. » Le camp commandé par Beysser et Kléber est le point de départ de nombreuses offensives vers les rebelles. Mais fait aussi l’objet d’attaques comme celle menée par Charette qui s’emparera du poste de la Balinière. En avril 1794, le camp est déserté pour d’autres, comme celui des Sorinières.

Des notables locaux 

Le 21 juillet 1795, un certain François Ferrand, négociant en bois, achète la maison et le domaine de l‘Enaudière ou des Naudières pour 60 000 francs. Il y trouve, ainsi que le décrit l’expert chargé de la vente, « une maison principale totalement détruite, les murs en ruine ». Ferrand opère de nombreux travaux. Sa fille s’y installe après s’être marié à un certain Demangeat, fils du directeur de l’Arsenal d’Indret. La quatrième génération Demangeat déménagera sur Pornic. La propriété des Naudières est alors mise en vente.

Le petit séminaire des missions africaines

Le 10 septembre 1890, les Missions Africaines investissent les Naudières, baptisées Notre-Dame-des-Missions. « On y accueille des jeunes de 10 à 14 ans destinés à devenir de futurs missionnaires », raconte le père Francis Attimon, retraité aux Naudières, il fréquenta le lieu comme petit séminariste de 1952 à 1962. Après avoir formé 3100 jeunes, le séminaire fermera en 1968, faute de nouvelles vocations. Les Naudières sont vendues au diocèse de Nantes, qui en fait un centre spirituel, de formation et d’animation en 1976.

Aujourd’hui, les Naudières abritent un centre spirituel, de formation et d’animation. Sur la photo, le père Francis Attimon et le directeur Philippe Arrouet .« Depuis 2010, le centre des Naudières a un statut d’association loi 1901», explique Philippe  Arrouet. Le centre accueille des services et mouvements du diocèse de Nantes. Il propose aussi gîte et couvert aux particuliers, entreprises, associations.