La CSF, 70 ans de lutte pour les familles
(mars 2018)

En 1947, pour répondre aux besoins immédiats de l’après-guerre, naît l’Association familiale ouvrière de Rezé. Depuis, elle est devenue la Confédération syndicale des familles. Dresser le portrait de cette association, c’est balayer un demi-siècle de lutte aux côtés des familles. Aujourd’hui encore, l’action de soutien aux ménages dans tous les champs de leur vie quotidienne reste bien vivace.

En ce samedi matin de janvier 2018, Michèle s’est rendue à la permanence de la Confédération syndicale des familles (CSF), au centre socioculturel du Château. Elle souhaite parler de ses problèmes de chauffage récurrents dans son appartement. Et du manque d’écoute de son bailleur social. Les bénévoles de la CSF sont habitués à gérer ce type de problèmes, résolus souvent par l’organisation d’une réunion entre le ou les habitants et le bailleur.

Se grouper pour s’en sortir

« Quand j’étais petite, ma maman faisait partie de la CSF », se souvient Michèle avec émotion. Il est vrai que l’histoire de la section rezéenne du syndicat familial ne date pas d’hier. Sa création remonte à l’après-guerre, sous l’impulsion de militants du monde ouvrier. En 1947, Lucien Ringeard, habitant de Pont-Rousseau, dépose les statuts de l’Association familiale ouvrière de Rezé. Elle vise à « grouper les familles de conditions ouvrières pour l’étude et la défense de leurs droits et intérêts matériels ».

« On mutualisait les machines à tricoter »

Dans la reconstruction de l’après-guerre, les besoins sont immenses. « On mutualisait des machines à tricoter et à laver, qu’on déplaçait sur roulettes », raconte Madeleine Tessier, entrée en 1964 dans l’association. L’année suivante, celle-ci prend le nom d’Association syndicale des familles de Rezé puis, en 1994, celui actuel de Confédération syndicale des familles. Cette dimension syndicale est essentielle aux yeux des militants de la CSF. « Notre rôle est de repérer les problèmes, de les soumettre à la collectivité et de porter les revendications des familles », explique Marie-Claude Tessier, la présidente de la section. Comme en 2011, lorsque la CSF se mobilise contre la restriction des jours d’ouverture de la Maison de la Sécurité sociale dans le quartier du Château.

Aux côtés des femmes

Créée par des hommes, la CSF rezéenne voit rapidement des femmes prendre leur rôle en son sein et agir en faveur de l’émancipation féminine. Pour soulager les femmes pendant la maternité ou une période de maladie, la CSF crée en 1958 l’Association de l’aide familiale populaire (AAFP) de Rezé – Les Sorinières. Jusqu’à cinq travailleuses familiales y sont employées. Très tôt, le syndicat s’intéresse aux familles monoparentales. Des femmes seules pour l’essentiel. Principalement touchées par le veuvage hier, par le divorce aujourd’hui, ces femmes vivent souvent des situations financière et personnelle compliquées. L’Association syndicale des familles monoparentales et recomposées, affiliée à la CSF, les accompagne dans la défense de leurs droits.

L’éducation populaire, son fer de lance

Reconnue association d’éducation populaire au niveau national, la Confédération syndicale des familles est très active dans le domaine éducatif au sens large. Dans les années 1980, elle initie un système d’aide aux devoirs basé sur l’entraide : un jeune ou un étudiant accompagnant un plus jeune. La section s’intéresse aussi à l’orientation scolaire en partenariat avec les conseillers d’orientation du Château. Une démarche qui donnera naissance au premier Forum d’orientation des lycées professionnels en 1986. « Les enfants d’ouvriers n’étaient pas reconnus auparavant, c’était un point crucial », note Andrée Baudry, qui a été de tous les combats de la CSF depuis son adhésion en 1967.

Un esprit précurseur

Dès 1988, la Confédération syndicale des familles met en place un accueil périscolaire à l’école maternelle Roger-Salengro, puis à Rezé-Bourg et La Houssais. Elle passera plus tard le relais à la Ville. « Rezé a toujours été une section où l’on a initié, puis confié les choses aux pouvoirs publics », souligne Marie-Claude Tessier. Y compris en matière de démocratie locale puisque la CSF a milité pour la création d’un conseil économique et social communal. Une idée reprise en 1992 par le maire, Jacques Floch.

Mai 68 dans l’action
La Confédération syndicale des familles s’est impliquée dans les luttes de mai 1968 en approvisionnant les familles de grévistes. À la façon d’une Amap, la section distribuait sous le préau de l’école Château-Nord, des paniers constitués avec des produits des paysans du coin. La solidarité de la CSF s’est également manifestée à l’égard des Paysans travailleurs dans les années 1970.
1999. Réunion au cours de laquelle on décide des aides au départ en vacances.

Toujours très active

Au fil des décennies, on retrouve la CSF active sur les loisirs des jeunes, la parentalité, l’alimentation avec des « soirées soupes » conviviales dont beaucoup se souviennent. Que ce soit pour défendre les locataires, les consommateurs victimes d’arnaque, animer des soirées débats sur les assurances ou le micro-crédit, les bénévoles de la CSF sont, comme aux origines de l’association, mobilisés et pleins d’énergie pour accompagner les familles dans leurs besoins quotidiens.