L’Espace Diderot souffle cette année sa 20e bougie. L’occasion de se pencher sur le lien qui unit les Rezéens à la lecture publique. Retour sur le prologue d’une petite bibliothèque devenue grande.
18 mars de l’an 1949. Le conseil municipal, sous la présidence d’Arthur Boutin, maire, accepte « la transformation de la bibliothèque populaire libre de Pont-Rousseau en bibliothèque populaire communale ». C’était il y a 62 ans. Un événement qui fait date dans l’histoire de la lecture publique rezéenne. C’en est terminé de la vieille et vétuste bibliothèque de la rue Sadi-Carnot (l’actuelle rue Jean-Jaurès), créée en 1882 par le Cercle des travailleurs républicains de Pont-Rousseau. Une nouvelle ère s’ouvre, celle d’une ville de quelque 17 000 habitants qui se dote d’un équipement « appelé à exercer la plus salutaire influence au point de vue de la propagation et du développement des connaissances scientifiques, historiques, littéraires et agricoles ».
En 1959, 50 Rezéens inscrits
La nouvelle bibliothèque, dont le fonds s’élève alors à 2 272 livres, prend ses quartiers dans le bâtiment du Parc municipal (rue Brossolette). La petite vie de la bibliothèque communale se poursuit. Sans prétention. Sans grandes ambitions non plus. Les permanences sont assurées par des retraités.
Durant la décade qui suit, la bibliothèque retourne rue Jean-Jaurès, au numéro 40, qui est ouvert deux heures chaque samedi et dimanche. L’objectif reste le même : offrir un espace « à ceux qui aiment la lecture et qui désirent par ce moyen s’instruire à bon marché ou se distraire ». Le fonds, lui, évolue. En quelques années, des centaines de nouveaux livres viennent remplir les rayons : des « romans sentimentaux », des « romans plus sérieux », des « romans d’exploration », etc. Mais les lecteurs, eux, peinent à venir. En 1959, leur nombre avoisine les 50…
Ils sont près de 8 000 aujourd’hui
1963. Nouveau déménagement. Rue Victor-Fortun puis rue de Provence, où l’on est obligé « de caser les livres derrière les autres » faute de place suffisante, au centre social du Château. En 1970, le nombre d’usagers passe la barre des 600. La bibliothèque ouvre 15 heures par semaine, les livres sont régulièrement renouvelés, le système de gestion modernisé. La Ville embauche une bibliothécaire professionnelle et le projet d’une médiathèque est posé en 1979. Début 1980, on crée au Jaunais une annexe, l’espace de la Noëlle.
En 1991, c’est la construction de l’Espace Diderot qui, pour la première fois, offre aux livres et à ses lecteurs toute la place qu’ils méritent. Après, on connaît l’histoire, celle d’une bibliothèque qui monte, qui monte, qui monte (lire encadré). Et qui, aujourd’hui, compte quelque 110 000 ouvrages et pas moins de 7 745 personnes inscrites.
Culte et culturel
Avant d’être un espace multiculturel, le bâtiment était une église. Bâtie en 1963, elle sera fermée en 1978 après l’effondrement de sa charpente lors d’un orage en 1977. L’architecte Massimiliano Fuksas aime le défi et va plus loin : il fait entrer la bibliothèque dans la boîte de béton et lui greffe un volume noir et incliné pour accueillir une salle audiovisuelle, une galerie d’expositions et l’actuelle maison des projets. Vingt ans plus tard, l’Espace Diderot est devenu un des sites culturels incontournables de la ville. « Aujourd’hui, on affiche “complet” dans les rayons, souligne Martine Cailly, directrice des bibliothèques. Nous avons un fonds développé en archéologie, architecture, développement durable, en lien avec les grandes orientations de la politique municipale, et aussi un beau fonds, plus généraliste, qui touche à l’informatique et au multimédia, à la poésie, la littérature contemporaine, les bandes dessinées ou encore les livres audio. Nous nous efforçons de répondre aux besoins des Rezéens et, lorsque c’est possible, à leurs attentes ».