Cinéma Saint-Paul – 1936, le film peut commencer…
(septembre 2016)

Le cinéma associatif Saint-Paul a été construit en 1936. L’équipement a régulièrement évolué depuis ses origines. Quatre-vingt ans plus tard, la magie d’un septième art populaire et convivial demeure à Rezé, grâce aux bénévoles de l’association.

Assister à une séance au cinéma Saint-Paul, c’est comme se replonger dans ses souvenirs ou dans l’ambiance de l’émission d’Eddy Mitchell « La dernière séance ». Un rideau qui s’ouvre. L’ouvreuse avec son panier en osier suspendu à son cou « bonbons, caramels, esquimaux, chocolats… ». Le court-métrage qui précède le film. Le spectacle peut commencer… « C’est resté « dans son jus. On aime le côté vintage de la salle avec ses fauteuils et drapés de velours rouge C’est décalé par rapport aux multiplexes, et on y tient. Pour autant, notre cinéma est très confortable et à la pointe de la technique », précise Denis Raymond, le président de l’association Cinéma Saint-Paul.

 

 

De la bobine au numérique

La salle de la rue Julien-Douillard a bien changé depuis sa construction en 1936 par des bénévoles de La Paternelle de Pont-Rousseau. C’est en 1955 que ses fauteuils en bois ont été recouverts de tissu. Dans les années 1980, la salle de 525 places est redimensionnée à 425 pour éviter que les genoux ne touchent le dossier du voisin. Côté technique, le Saint-Paul a régulièrement amélioré son matériel. Dernière évolution en date, et pas des moindres, le passage du cinéma au numérique en 2012. « Auparavant, quand on était aux pellicules 35 mm, les films coupaient parfois et les spectateurs échangeaient dans la salle, demandant tout haut qui avait marché sur le fil !», se souvient avec un brin de nostalgie Denis Raymond.

On y fabriquait des parachutes

Selon la mémoire transmise depuis la création du cinéma, le premier film projeté aurait été Notre-Dame de la Mouise, un film qui n’est pas resté dans les annales cinéphiliques mais dont le nom n’a pas trop porté malchance au cinéma compte tenu de sa longévité ! Durant la Seconde Guerre mondiale la salle est réquisitionnée pour de la petite industrie comme la fabrication de parachutes. Elle reprend son activité à la fin de 1944. Un tout jeune passionné du septième art, Lucien Hardouin, y débute alors sa carrière de projectionniste. Il la poursuivra toute sa vie et assurera la présidence de l’association de 1986 à 1999.

La Reine blanche née à Rezé


Le tournage de La Reine Blanche en 1990 n’a pas seulement marqué les Trentemousins. C’est en effet au cinéma Saint-Paul que le réalisateur Jean-Loup Hubert, qui a vécu son enfance à Trentemoult, est venu présenter son projet aux Rezéens. Puis qu’il a visionné jour après jour, avec son équipe, les rushs du film. Lequel a totalisé, après une avant-première et une sortie nationale exceptionnelle, 7 492 entrées en trois semaines. Sur la photo : Jean-Loup Hubert, Bernard Gireaudeau et Richard Bohringer réunis pour « La Reine blanche »

80 bénévoles

Lucien Hardouin (photo ci-contre) est l’un des bénévoles qui font tourner le cinéma Saint-Paul depuis son origine. Six en moyenne sont présents pour proposer une séance dans les meilleures conditions. Parmi ces bénévoles, qui sont 80 aujourd’hui, certains ont connu les nombreuses évolutions du cinéma. Comme Nicole Graton Tessier, caissière et ouvreuse depuis 1951, alors qu’elle n’avait que 14 ans ! C’est au cinéma qu’elle a rencontré son mari, Paul Graton, qui fut de son côté projectionniste plus de 40 ans.

Populaire

D’abord paroissial, car propriété de l’évêché, le cinéma est rapidement devenu associatif. Né dans le mouvement de l’éducation populaire, il n’a jamais oublié sa vocation sociale. En témoignent le prix de la place à moins de 5,80€, 50 centimes l’été pour les jeunes dans le cadre de Cinestival soutenu par la Ville, les animations pour les enfants…

Le cinéma fonctionne depuis 1984 avec sa commission de programmation, qui alterne films grand public et d’art et essai. Durant les années 1950, fastes pour le septième art, il recevait jusqu’à 60 000 spectateurs par an, qui se précipitaient en masse voir des succès comme Les Dix Commandements ou Ben Hur. En 2015, il a dénombré 22 000 entrées pour environ 350 séances. La Ville ayant racheté les murs du cinéma à l’évêché, l’association, liée avec la mairie par un bail et une convention, peut regarder l’avenir avec confiance. Son futur projet : créer en juin 2017 un festival du court-métrage amateur.

Jusqu'à cinq cinémas !

Rezé a connu bien d’autres cinémas que le Saint-Paul. Le plus ancien, l’Artistic, né en 1926 rue Alsace-Lorraine, disposait d’une salle de 500 places. Il a tenu le haut de l’affiche jusqu’en 1972. Avant-guerre, le Cinéma de la Volière eut une brève existence dans le quartier de La Blordière. Cinéma associatif du bourg, Rezé Ciné démarra ses projections en 1944, suivi quelques années plus tard par L’Éventail à Trentemoult.

Le premier cinéma rezéen l’Artistic, situé rue Alsace- Lorraine, a donné sa dernière séance en 1972. Sur la photo (1998), la propriétaire et sa fille.