Ces femmes qui ont marqué Rezé
(mars 2017)

Elles se sont distinguées par leur courage, leur engagement et leurs compétences, ont bousculé l’ordre établi. Portrait de ces Rezéennes qui ont montré la voie et ont, encore aujourd’hui, valeur d’exemple.

Philomène Bazile, première directrice d’école

L’école publique de Ragon a ouvert ses portes en 1932, rue de la Mirette. À la tête de l’école des filles, on retrouve une femme : Philomène Bazile (1895-1961), première directrice d’un établissement dans la commune. D’autres figures féminines ont pris le relais au fil des décennies. Comme Yvonne Plancher, épouse de l’ancien maire de Rezé Alexandre Plancher, directrice de l’école de filles du bourg dans les années 1950. Plus près de nous, Andrée Perrichon dirigea l’école Ouche-Dinier de 1962 à 1980 en prônant la responsabilisation des enfants. Elle fut aussi à l’origine de la création de la section basket de l’Alod en 1973.

Marie-Yvonne Rahir, Juste parmi les nations

En 1944, un petit garçon juif de sept ans, Loulou, venu de Paris, est accueilli à Rezé par Marie-Yvonne Rahir. Elle s’en occupe comme de son enfant, l’emmène avec sa fille de trois ans, Maryvonne, se protéger des bombardements aux Moutiers-en-Retz. « Ma maman a eu beaucoup de chance de ne pas être dénoncée. L’amour qu’elle avait pour les enfants était plus fort, et elle n’était pas très craintive », raconte Maryvonne Garreau. Si Marie-Yvonne Rahir (1898-1987) est toujours restée discrète sur cet épisode, les recherches de deux enseignants du lycée Goussier l’ont mise en lumière. Le 9 mars 2016, l’Institut Yad Vashem à Jérusalem a reconnu la Rezéenne comme Juste parmi les nations pour son courage. Une cérémonie partagée dans l’émotion par Maryvonne et Loulou, qui s’étaient perdus de vue pendant soixante ans.

Les premières élues, des pionnières

En 1945, dans l’euphorie du droit de vote accordé aux femmes, les Rezéennes font leur entrée en force au conseil municipal. Les 29 avril et 12 mai 1945, elles sont cinq à être élues sur la liste de gauche d’Arthur Boutin : Philomène Le Floch, Jeannine Billon, Anne-Marie Le Guilloux, Albertine Le Guyader et Marie Potet. Certaines sont communistes et femmes de déportés, comme Philomène Le Floch, infirmière, dont le mari Pierre est mort assassiné en déportation. Autre nouveauté deux ans plus tard : Gisèle Hémon devient première adjointe. Mais le combat est loin d’être gagné pour les femmes. Les élues se font rares à Rezé dans les années 1950 et 1960. Il faudra attendre 1977 pour retrouver cinq conseillères municipales et une première adjointe.

Évelyne Crétual, une sportive d’exception

Évelyne Crétual (1955-1997) est sans conteste la sportive rezéenne la plus titrée de tous les temps. Elle entre en 1982 à l’AEPR et la section tennis de table handisport se développe dans son sillage. Son principal trophée est la médaille d’or obtenue aux Jeux Paralympiques de New York en 1984. Elle est également médaillée d’argent aux Jeux de Séoul en 1988 et fait plusieurs podiums aux Championnats du monde et d’Europe. À côté de ce palmarès hors norme, Évelyne Crétual se distingue par son investissement personnel au sein de l’AEPR, où elle entraîne valides et handicapés, et dans l’organisation de manifestations sportives.

Michelle Charpentier, première conseillère générale de gauche

Les choses sont allées vite pour Michelle Charpentier. Elle entre au conseil municipal de Rezé en 1977. À la suite du décès du maire et conseiller général Alexandre Plancher en 1978, elle est désignée pour briguer sa succession. Elle est élue et devient la première femme de gauche à siéger au conseil général de la Loire-Atlantique. Femme, jeune, elle a tout juste 30 ans et, ancrée dans le monde ouvrier, elle détonne dans l’assemblée départementale. Sa 2CV est même refoulée sur le parking des élus ! Travaillant à fond ses dossiers, dans l’opposition, elle doit prendre de l’assurance. « Nous avions une autre approche que les hommes, on connaissait mieux la vie quotidienne des gens », juge-t-elle avec le recul. Michelle Charpentier siègera au conseil général jusqu’en 1994.