Bertreux, un enfant de la Loire
(octobre 2011)

À l’occasion du centenaire de la naissance du peintre Edmond Bertreux (né à Rezé en 1911 et décédé en 1991), une exposition est à découvrir en aval de la Loire à Saint-Jean-de-Boiseau. Portrait d’un Trentemousin.

« Je suis né le 22 octobre 1911 dans une petite maison basse de North House (les gens disent Norkiouse), un hameau tout proche de Trentemoult. »* De ce berceau, Edmond Bertreux peindra tous les spectacles.

C’est en effet dans ce fief de cap-horniers et de pêcheurs que le peintre va passer les onze premières années de sa vie. Les scènes de la vie quotidienne comme l’embarcadère des roquios, le Léchalas, les inondations, l’hiver, les célèbres régates, le quai Jean-Bart (aujourd’hui Marcel-Boissard) qui accueillait les canots des pêcheurs… s’impriment dans son esprit avant d’habiter son œuvre.

Vue de Nantes depuis la plage de Trentemoult.

« J’ai peint ma Loire »

Tout près de Trentemoult, il y a le port de Nantes. Théâtre du va-et-vient incessant des bateaux que contemple le petit Bertreux assis sur le quai, à côté de ses camarades de jeux. Dès l’âge de quatre ou cinq ans, il croque ces scènes sur tout support qui lui tombe sous la main : «  Je n’avais pas de papier à dessin, je crayonnais sur des papiers de boucherie, des papiers jaunes, couleur paille ».

L’enfant de la Loire sera fier d’entendre un jour son père, dessinateur industriel aux chantiers et peintre du dimanche, dire à sa mère : « Le bateau qu’il a dessiné, je l’ai vu dans le port ! » S’il assiste à la fin de la marine à la voile, là ne va pas son cœur. Ce qu’il aime ce sont les bateaux à vapeur avec leur impressionnante colonne de fumée. Au fil de ses incursions dans la Basse-Loire, il peindra la campagne de Saint-Jean-de-Boiseau, le lieu de naissance de son père, Bouguenais, le pays natal de sa mère, Le Pellerin, Indre, Couëron. Il fera bien quelques escapades dans le marais vendéen, l’arrière-pays niçois, en Espagne, en Belgique, en Hollande, mais il leur préfère « sa » Loire.

L'embarcadère des roquios à Trentemoult.

Une véracité extrême

Souvent qualifié de peintre régionaliste, en dehors des courants et des modes, Edmond Bertreux peindra plus de 4 000 toiles. « On en trouve au musée des Beaux-Arts de Nantes dont il fut élève mais aussi au château des Ducs, aux États-Unis, en Australie », confie l’un de ses fils, Edmond Bertreux-Guibert. Ces tableaux narrent 60 ans du XXe siècle en Basse-Loire « avec une dimension ethnographique indiscutable ». « Son sens très aigu de l’observation, ses milliers de croquis pris sur le vif font qu’il atteint parfois une véracité extrême », ajoute Edmond Bertreux fils. Promeneurs du fleuve et amoureux des ciels gris de Nantes, rendez-vous à Saint-Jean-de-Boiseau pour découvrir un pan de l’œuvre d’un enfant de la Loire.

* extraits du livre Edmond Berteux, peintre du pays nantais, d’Yves Labbé et André Linard.

 

1911
Naissance à Norkiouse le 22 octobre
1912
Ses parents habitent place de la Bascule à Trentemoult
1922
Arrivée à Nantes, butte Sainte-Anne
1927
École des Beaux-Arts de Nantes
1929
Reçu au concours des Beaux-Arts de Paris, mais n’ira pas
1932
Travaille à la préfecture mais lui préfère l’art
1938
Peintre à part entière (expositions, prix…)
1998
Chevalier de l’ordre du Mérite
1991
Décès à Carquefou, est inhumé à Saint-Jean-de-Boiseau