En 2007, alors qu’il est à la terrasse d’un café, Denis Castin donne une pièce à un mendiant. En face de lui, une agence immobilière. Association d’idées : « Si chacun donne une pièce… Pourquoi ne pas acheter un logement ? ». Il travaille à l’époque pour la Boutique de gestion et aide des créateurs d’entreprises. La sienne sera une association, Toit à moi. Le principe ? « 120 personnes s’engagent à donner vingt euros par mois et, en cinq ans, on rembourse un appartement acheté 120 000 euros. »* Où l’on peut loger quelqu’un. L’idée est utopique, mais pas folle. Elle se concrétise bientôt. En quatorze ans, Toit à moi a essaimé dans six villes, acquis 27 logements et aidé des dizaines d’exclus : « Nous ne nous contentons pas de les loger. Nous les accompagnons, le temps qu’il faut pour qu’ils reprennent pied, en commençant par les convaincre que non, ils ne sont pas condamnés à galérer toute leur vie. »
Un accompagnement pendant deux à cinq ans en moyenne
Reprendre une routine, prendre soin de soi, se soigner, regagner confiance, accomplir des formalités administratives, se former, chercher un emploi, un logement… Un chemin difficile et parfois long lorsqu’on a décroché : « En moyenne, l’accompagnement dure de deux à cinq ans. Il n’y a pas de règle, pas de limite fixée à l’avance. » Les personnes sont adressées par les services d’urgence sociale et sélectionnées par le comité de consultation de l’association et des professionnels de l’accompagnement social.
Des entreprises mécènes
Toit à moi s’est assuré le soutien de nombreuses sociétés, via le mécénat d’entreprise* qui finance le salaire des employés de l’association, administratifs et travailleurs sociaux, dont chacun accompagne les occupants de cinq logements. Certaines entreprises « marraines » offrent une aide très concrète, comme ce fabricant de menuiseries qui fournit gratuitement de nouvelles fenêtres pour les appartements. D’autres accueillent les bénéficiaires pour des stages, des formations, voire des embauches. Parallèlement, de nombreux bénévoles donnent de leur temps.
* Les dons des particuliers sont déductibles fiscalement à hauteur de 75%, 60% pour les entreprises
À Rezé depuis 2018 et jusqu’à…
Depuis 2018, l’association, initialement nantaise, a trouvé asile à Rezé, dans l’ancienne auberge du Cheval blanc : « Grâce à l’un de nos mécènes, ami du promoteur propriétaire de l’immeuble, qui met le rez-de-chaussée à notre disposition avant le début des travaux. Par convention, nous pouvons rester jusqu’en mars, au moins. Mais nous cherchons activement de nouveaux locaux, de nouveaux parrains, de nouveaux bénévoles… De toute façon, même si nous quittons Rezé, il y a de fortes chances que nous y créions une antenne, puisque nous avons déjà deux appartements à Pont-Rousseau, des T3 qui accueillent des familles. Car il n’y a pas que des personnes seules à la rue. »
Le temps qu'il faudra, sur France 3 le 25 janvier
La documentariste rezéenne Florence Mary a consacré à Toit à moi son dernier film, Le temps qu’il faudra. Pendant trois ans, avec sa caméra, elle a suivi le quotidien de l’association et celui de plusieurs personnes accompagnées : Michel, Serge, Nathalie… : des existences cabossées dont la renaissance passe par un logement agréable, mais aussi par un soutien constant et multiple, des rencontres, des ateliers, une prise en charge médicale quand il le faut… Et, surtout, beaucoup de chaleur humaine, d’écoute, d’attention et de partage. La caméra de Florence Mary a saisi tout cela avec pudeur, respect et sensibilité.
Le film sera diffusé par France 3 Pays de la Loire lundi 25 janvier à 22h45 dans le programme « La France en vrai », puis disponible en replay pendant un mois.