Circulation, travaux, oiseaux, cris d’enfants, musique… Durant sept mois (de décembre 2021 à juin 2022), 130 habitants volontaires ont mesuré les bruits du quotidien grâce à l’application smartphone NoiseCapture. Les 90 heures de mesures réalisées par les citoyens ont permis d’établir une cartographie sonore de Rezé dans laquelle on distingue des zones bruyantes et des zones calmes. Baptisé SonoRezé, le projet a aussi ouvert la réflexion sur la perception du bruit qui diffère selon les personnes et sur les actions à mener. Habitants, élus et chercheurs mobilisés avaient émis le souhait de ne pas en rester là. Message entendu auprès de l’Agence nationale pour la recherche qui finance la poursuite de l’expérimentation durant deux ans*.
L’environnement et notamment la question du bruit est une préoccupation majeure chez les Rezéens. C’est ce qui ressort du diagnostic santé réalisé en 2022. SonoRezé nous permet d’aller plus loin dans la perception du bruit par les premiers concernés : les habitants. Avec en ligne de mire, et annoncé dans notre projet de mandat, l’ambition de réduire les nuisances sonores.
SonoRezé nous permet de nous interroger collectivement sur la qualité sonore de notre ville. Quels environnements sonores souhaitons-nous pour Rezé ? Quels moyens d’action pouvons-nous déployer ? Il est possible d’agir sur le bruit urbain si cette question est prise en amont des projets d’aménagement et d’urbanisme notamment. Plusieurs autres collectivités en France manifestent un grand intérêt pour ce projet inédit.
SONOREZÉ #1 : QUELS ENSEIGNEMENTS ?
- L’expérimentation a suscité l’intérêt des habitants. Ils ont été 130 à alimenter la carte sonore notamment lors de séances de mesures collectives. Et une vingtaine à participer aux groupes de discussion. Leur participation a permis de réaliser un diagnostic des environnements sonores rezéens.
- Rezé comporte une diversité d’environnements sonores du fait de la présence d’axes routiers à forte affluence, de parcs et jardins, de cours d’eau, de lieux animés comme Trentemoult ou encore du trafic aérien. Les données collectées ont fait apparaître des axes bruyants et des zones calmes.
- La notion de bruit est subjective : un bruit peut être agréable pour certains et insupportable pour d’autres.
- Le bruit de fond, généré par exemple par le périphérique, est apparu comme un source sonore importante.
- Plusieurs cartographies des environnements sonores, basées sur les niveaux sonores, mais aussi sur le type de sources sonores présentes ont pu être établies grâce aux participants.
- Les discussions très riches auxquelles ont contribué les participants permettent de mieux comprendre la diversité des environnements sonores, et les actions qui doivent être menées.
SONOREZÉ #2 : QUELLES AMBITIONS ?
- Enrichir la carte en faisant participer de nouvelles oreilles citoyennes. Des mesures de bruit collectives seront à nouveau organisées pour les non-initiés. Et des téléphones reconditionnés pourront être prêtés pour permettre à tous de contribuer.
- Sensibiliser les écoles, Ehpads ou encore centres socioculturels à la question du bruit.
- Développer l’application NoiseCapture pour avoir des données plus fines.
- Réfléchir avec les habitants à plusieurs actions concrètes à réaliser ensemble.
À QUOI SERVIRA TOUTE LA MATIÈRE COLLECTÉE ?
« Elle a déjà servi dans le cadre de la révision du plan de prévention du bruit dans l’environnement qui coïncidait avec SonoRezé #1. Les participants ont été associés à la définition des zones calmes de la ville, explique Claire Guiu, adjointe en charge du pôle aménagement, paysages et écologie. Les remarques des participants aux groupes de discussion ont été remontées. » Autre application à venir : la prise en compte dans le protocole urbain et paysager mis en place par la Ville pour bâtir un cadre de vie harmonieux et durable. « La question du bruit pourrait y être intégrée et ainsi entrer dans les discussions avec les porteurs de projets, avance Claire Guiu. Avec SonoRezé #2, l’ambition est d’impliquer l’ensemble de la collectivité. Pour que les environnements sonores soient pris en compte dans toutes nos politiques publiques. »
PROJET INÉDIT
« L’expérimentation est inédite, souligne Arnaud Can, responsable scientifique du projet à l’université Gustave-Eiffel. Très observée, Rezé est la première ville à s’engager dans la réalisation d’un diagnostic des environnements sonores en s’appuyant sur ses habitants. » D’autres territoires pourraient se lancer. « Nantes Métropole mais aussi d’autres villes en France ont montré un grand intérêt pour le projet notamment au sein du réseau Villes-Santé », poursuit Philippe Audubert. Du côté de la communauté scientifique, le projet est également très suivi. Jusqu’à Barcelone !
RÉUNION D’INFORMATION LE 24 MAI
Vous souhaitez en savoir plus sur SonoRezé #2 ? Une réunion publique est organisée mercredi 24 mai à 18h30 à la Maison du développement durable.
Entrée libre.
QUE DISENT LES PARTICIPANTS À SONOREZÉ #1 ?
Le fait d’enregistrer nous ouvre à tous les bruits qui nous entourent. C’est plutôt agréable parce que ça renforce le sens de l’ouïe et de l’écoute. »
Ça m’intéressait de pouvoir contribuer à un projet commun avec une approche assez originale et innovante de la prise en compte des nuisances sonores. Un sujet qui n’est pas forcément mis en avant régulièrement. »
Depuis que j’ai la démarche en tête, j’écoute ! En fait, moi ça devient obsessionnel, j’entends le périph… »
Avant c’était l’absence totale de bruit que je considérais comme agréable. Mais ce n’est pas toujours le cas, il y a aussi des bruits agréables. »
Toute la promenade le long de Trentemoult est assez bruyante mais ce sont des bruits sympas. Comme le bruit du Navibus. On est près de la Loire, il y a des bruits de discussions, de gaieté, c’est vivant. »
J’ai découvert un nouveau son… c’est le bruit du scooter qui s’arrête… et qui cherche en fait là où il va livrer. Ce sont les scooters Uber. »
SONOREZÉ #1 VU PAR UN ARTISTE
Comme ToniTorfer l’a été dans SonoRezé #1, des artistes seront à nouveau associés dans SonoRezé #2.
CONTACTS
Arnaud Can, responsable scientifique du projet – Université Gustave-Eiffel
02 40 84 58 53
arnaud.can@univ-eiffel.fr
Service animation des transitions – Ville de Rezé
02 40 13 44 10
animationdestransitions@mairie-reze.fr
*Le projet SonoRezé #2 bénéficiera d’une subvention de 250 000€ accordée par l’Agence nationale de la recherche dans le cadre de l’appel à projets « Sciences participatives ». Cette enveloppe servira en grande partie à financer un poste de chargé de mission à plein temps durant deux ans et un poste de chercheur pendant un an. Elle permettra également de financer des performances artistiques en lien avec le projet.