Pirmil- les Isles : 400 professionnels à la première rencontre

La première rencontre professionnelle autour du projet urbain Pirmil-les Isles a réuni près de 400 professionnels du bâtiment le 1er octobre. Signe que les entreprises sont prêtes à s’investir pour construire autrement la ville de demain.

VILLE NATURE

Le secteur situé entre Pirmil et les anciennes îles de Rezé, longeant la Loire sur 2km, accueillera un nouveau quartier : Pirmil-les Isles. Le projet, initié par Nantes Métropole en lien avec Nantes Métropole Aménagement, a pour ambition de créer une ville-nature. Celui qui en parle le mieux : l’architecte-urbaniste, Frédéric Bonnet, aux manettes depuis sept ans. « C’est un site fantastique, en plein cœur de la métropole, que nous allons complètement transformer à partir de ce dont on dispose, pour retrouver le rapport avec le fleuve, complètement effacé aujourd’hui. » Autre enjeu majeur du projet : la transition écologique qui implique de bâtir différemment. « On ne peut plus continuer à construire comme au 20e siècle. On sait faire autrement, mais pas encore à un prix raisonnable. Nous avons un challenge à relever », lance Frédéric Bonnet, devant près de 400 acteurs du bâtiment présents le 1er octobre.

MÉTHODE INÉDITE

Pirmil-les Isles, c’est aussi une méthode inédite. D’une part, dans la composition de l’équipe projet. « Elle mêle architecte, paysagiste, experts de la transition écologique, des déplacements, de la « renaturation » et bureaux d’études. Des complémentarités nécessaires », explique Frédéric Bonnet.
D’autre part, dans la volonté d’associer les acteurs économiques. « Notre choix : faire travailler les professionnels ensemble, le plus en amont possible, pour faire bouger les lignes et imaginer de nouvelles solutions plus respectueuses de l’environnement. » Une démarche encore jamais menée dans la métropole. Et d’ajouter : « Ces derniers mois, nous avons déjà rencontré une soixantaine de professionnels. »

Sylvanie Grée, paysagiste, Frédéric Bonnet, architecte-urbaniste et Florian Dupont, expert de la transition écologique, ont présenté le projet Pirmil-les Isles aux entreprises le 1er octobre

CINQ PAS DE CÔTÉ

Clin d’œil à « L’éloge du pas de côté », une œuvre du Voyage à Nantes visible sur la place du Bouffay, l’équipe projet assume elle-aussi des partis-pris « que nous avons appelés cinq pas de côté », poursuit Frédéric Bonnet. Les voici :

  • La Loire
    L’ambition : vivre avec le fleuve, révéler ses paysages. « Le site abrite les seules rives naturelles de la métropole, encore soumises aux marées, explique l’urbaniste-architecte. Nous allons restaurer cette richesse incroyable. »

 

  • L’arbre
    L’ambition : l’utiliser comme outil paysager et comme solution pour répondre aux enjeux du réchauffement climatique. « Nous allons remettre en place la nature et constituer des îlots de fraîcheur sur l’espace public, explique Sylvanie Grée, paysagiste. Une canopée urbaine sera créée. Au total, 14 000 arbres seront plantés dans les dix ans à venir. »

 

  • Les déplacements
    L’ambition : favoriser les modes doux (vélo, trottinette, marche à pied…). « Nos déplacements ont un impact de 30 à 40% sur le bilan carbone, indique Frédéric Bonnet. Dans les opérations d’urbanisme, on privilégie toujours la voiture au détriment de l’arbre. Dans la ZAC Pirmil-les Isles, nous ferons l’inverse ! Nous aimerions que les habitants abandonnent au moins une voiture. C’est possible, d’autant que trois nouvelles lignes de tram desserviront le secteur. Et qu’il sera possible de vivre et travailler dans la ZAC avec l’installation de commerces et de bureaux. »

 

  • La filière de la transition
    L’ambition : développer les matériaux bas carbone. « Le bois, le chanvre, la paille ont par exemple des performances incroyables. Mais, ils sont peu exploités en milieu urbain, souligne Frédéric Bonnet. Ces expériences exceptionnelles doivent devenir demain la norme. »

 

  • Les usages
    L’ambition : changer nos habitudes pour vivre de façon durable. « Nous devons prendre conscience des effets de nos modes de vie, explique Florian Dupont, expert de la transition écologique. Et des dérives du numérique. Une voiture autonome consomme par exemple quatre fois plus en une journée qu’un véhicule classique. Ce pas de côté est le plus à construire avec les habitants. »

APPEL LANCÉ AUX ENTREPRISES

« On ne peut pas relever ce défi tout seul, on a besoin de vous », annonce Florian Dupont, expert de la transition écologique, aux professionnels ayant répondu nombreux à l’invitation le 1er octobre. L’objectif de cette première rencontre : identifier les entreprises prêtes à travailler collectivement pour construire autrement, durablement, ce nouveau quartier de Loire.

Ateliers

Plusieurs ateliers se dérouleront jusqu’au printemps 2020. « Afin d’identifier les freins et trouver ensemble des solutions. Ils sont ouverts à tous les représentants de la profession », ajoute Florian Dupont. Les entreprises souhaitant participer aux ateliers doivent au préalable renseigner un questionnaire. Une restitution sera organisée à l’issue des ateliers.

Travail collectif

Pour construire cette méthode inédite, l’équipe projet s’est appuyée sur le cluster de l’écoconstruction, Novabuilt. « Dans cette démarche, nous veillerons à ce qu’on respecte les pas de côtés qui font la spécificité du projet, précise Pierre-Yves Legrand, le directeur. Ce qui est proposé aujourd’hui aux professionnels est exceptionnel : travailler ensemble pour imaginer une autre manière de construire. C’est une vraie innovation. » Plusieurs acteurs sont déjà partenaires du projet : les associations Atlanbois et Construire en Chanvre, le collectif Paille Armoricain, l’Ademe, la Dreal, le BRGM, le CSTB, ainsi que Pick Up Production. « Votre présence très nombreuse montre les énergies considérables sur lesquelles nous allons pouvoir nous appuyer », conclut l’architecte-urbaniste, Frédéric Bonnet.

Ils ont participé à la rencontre

C’est un territoire d’expérimentation exceptionnel qui correspond en tout point à notre démarche RSE (responsabilité sociale des entreprises). Nous savons déjà nos collaborateurs impliqués dans ce projet qui va dans le sens de l’histoire.

Yannick Le Bihan, Nexity

Une étape supérieure est franchie, avec un projet à plus grande échelle. Je me réjouis de voir que nous allons travailler à la construction de demain et lever les freins économiques qui persistent aujourd’hui.

Denis Cassin, Arcadial Production

Nous avons toute notre place dans cette méthode. Toutes les questions vont être traitées en amont : c’est une bonne chose. Je vais suivre ce projet avec une double casquette : celle de professionnelle et d’habitante.

Annie, paysagiste

Je souhaitais interpeller l’architecte-urbaniste sur l’importance de l’acoustique architecturale sur la santé et le bien vivre ensemble. J’apporterai mon expertise avec plaisir.

Sulian Olivo, Think acoustique

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