Minimaisons : le village a ses habitants

Le premier village de minimaisons de France sera rezéen ! La Ville a trouvé ses habitants. Ils s’installeront en fin d’année aux Bourderies sur un terrain communal.

HUIT MINIMAISONS

En juin dernier, le conseil municipal a donné son feu vert pour la création, à titre expérimental, de ce village.

Un appel à candidatures a été lancé. Une douzaine de candidats ont été reçus ensemble en décembre. « C’était important de les faire se rencontrer pour amorcer le lien. Certains se sont présentés en collectifs, d’autres individuellement », précise Séverine Durando, directrice du développement urbain à la Ville.

Les projets des deux collectifs et de deux particuliers ont été retenus. Soit au total, huit minimaisons. « Le village regroupera des couples, mais aussi des personnes seules ou avec leur enfant. Des trentenaires pour la plupart. »

TERRAIN À AMÉNAGER

Prochaine étape : l’aménagement du terrain afin qu’il soit raccordé, notamment à l’eau et l’électricité. Des frais qui seront à la charge des futurs occupants. Ces derniers devront, comme pour une maison classique, déposer un permis de construire. Une fois installés avec leur propre minimaison, ils paieront chaque mois un loyer (60 euros par mois et par minimaison) à la Ville, propriétaire du terrain.

Ils seront soumis aux autres taxes comme tout locataire. Les minimaisons pourront rester dix ans. « Si l’expérience est positive, elle pourrait être renouvelée sur un autre terrain appartenant à la Ville dans le sud de la commune, à la Maillardière », ajoute Séverine Durando.

Il va installer sa minimaison à Rezé

Florent, 30 ans

C’est en voyant l’appel à candidatures lancé par la Ville que je me suis intéressé aux minimaisons. J’en ai visité cet été. J’ai eu le déclic : je ne me projette plus dans autre chose. J’aime le fait d’avoir juste ce qu’il faut pour vivre et le côté mobile. Je ne suis pas matérialiste, mais pas non plus un grand écolo. Pourtant je suis convaincu à 200% par le concept. J’ai vécu à Rezé, mes parents y sont encore. J’avais abandonné, à contrecoeur, l’idée d’acheter ici. Je suis ravi de pouvoir y installer ma minimaison. Et de partager cette expérience au sein d’une communauté. D’autant qu’on est sur la même longueur d’onde avec les autres candidats retenus.

Il va installer sa minimaison à Rezé

José, 28 ans

Fervent adepte du concept depuis cinq ans, j’ai lancé la construction de ma minimaison avant même de savoir où j’allais la poser. J’avais commencé à monter un dossier pour démarcher des collectivités quand j’ai entendu parler du projet de la Ville de Rezé. La candidature, qu’on a élaborée en collectif avec trois autres personnes, a été retenue. S’installer sur un terrain communal, ici, c’est vraiment exceptionnel ! On va pouvoir rentrer dans un cadre légal. Car ce sont souvent des arrangements entre particuliers : un senior qui prête un bout de son terrain en échange de petits services. À nous de montrer, maintenant, que l’habitat léger a sa place en ville.

Il va installer sa minimaison à Rezé

Émilien, 36 ans

Vivre en minimaison est une révolution dans mon mode de vie. Ce n’est pas anodin de passer de 70m², aujourd’hui, à 25m², demain. D’autant que je vis avec mon fils de 18 ans, très emballé par le concept lui aussi. Quand j’ai vu l’appel à candidatures de la Ville, cela faisait deux ans et demi que je mûrissais le projet. J’ai recontacté un couple que j’avais rencontré chez un constructeur de minimaisons. Ils étaient partants. Un autre couple s’est greffé à notre candidature collective. C’est une aventure humaine avant tout. On va développer un lieu de vie commun. Un vrai travail collectif s’engage pour penser ensemble ces espaces partagés.

Huit minimaisons

Les minimaisons en bois montées sur roues ont de plus en plus d’adeptes. Comme en témoigne l’engouement autour de la création d’un village à Rezé.

D’ici fin 2020, huit minimaisons en bois montées sur roue (comme celle-ci)  prendront place aux Bourderies, sur un terrain de 6 700 m², conservé par la Ville en vue d’un futur projet urbain.

Une première en France.

Pourquoi ces minimaisons plaisent-elles autant ?

Parce qu’elles sont moins énergivores en eau, en électricité, et ont une empreinte carbone réduite. On y vit dans un espace restreint (20m² environ) avec le minimum. Parce qu’elles sont plus accessibles. Moins chères, elles sont aussi plus rapides à construire qu’une maison classique. Parce qu’elles correspondent à de nouveaux modes de vie. On souhaite être davantage proche de la nature, on bouge davantage. Les minimaisons ont l’avantage de pouvoir être déplacées.

Le concept a déjà conquis les États-Unis et le Canada. On les appelle là-bas des « tiny houses ». Il séduit de plus en plus de Français, et la Ville de Rezé, avide d’expérimenter de nouvelles formes d’habiter répondant aux attentes des habitants.

Constructeurs de « tiny houses »

Vincent Bouhours et Laëtitia Dupé ont chacun leur minimaison, qu’ils ont eux-mêmes construite. Il y a quatre ans, ils ont décidé de créer l’entreprise Baluchon pour partager leur savoir-faire. De leur atelier installé au Pallet sont déjà sorties 28 minimaisons. « Chacune est unique car créée sur mesure, en fonction des besoins de son propriétaire », précise Vincent.

Le procédé de construction est-il différent ?

« Pas tant que ça. C’est une maison en ossature bois qu’on vient poser, non pas sur des fondations, mais sur une remorque. »
Compter entre 75 000 et 80 000 euros pour une minimaison tout équipée, fabriquée dans leur atelier, « avec des matériaux de qualité et respectueux de l’environnement ». L’entreprise propose également ses conseils à tous ceux qui souhaiteraient se lancer eux- mêmes dans la construction de leur minimaison.

Depuis plusieurs années, les deux cogérants voient le mouvement prendre de l’ampleur. « Les demandes proviennent de la France entière et de pays frontaliers comme la Suisse, ajoute Laëtitia. Des gens, aux profi ls très diff érents, aspirent à vivre plus simplement, sans être dépendants de leur habitation. De plus en plus de collectivités s’interrogent. Les mentalités évoluent. On voit davantage les minimaisons comme une forme d’habitat à part entière. »

Dans le village de Rezé, deux minimaisons seront tout droit sorties des ateliers de Baluchon. L’entreprise a également suivi de près l’appel à projet lancé par la Ville. Laëtitia Dupé et Vincent Bouhours créent des maisons en ossature bois posées, non pas sur des fondations, mais sur une remorque.