Hasard du calendrier, samedi 17 octobre était la Journée du refus de la misère. Pour Michel et Serge, c’était aussi le jour où ils se sont vus sur grand écran, au Cinématographe, lors de la projection en avant-première de Le temps qu’il faudra, documentaire de la Rezéenne Florence Mary. La caméra de cette dernière a en effet suivi les étapes du chemin des deux hommes vers une nouvelle vie, après la rue où ils s’étaient brutalement retrouvés, pendant deux ans pour Michel, plusieurs mois pour Serge. Jusqu’à leur rencontre avec l’association nantaise Toit à moi, à laquelle la réalisatrice consacre son nouveau documentaire.
Neuf appartements à Nantes
Toit à moi vient en aide aux sans-abri en mettant des logements à leur disposition. À l’origine, deux amis, Denis Castin et Gwénaël Morvan :
Parce que nous pensons que les personnes sans-abri ont, plus que d’autres, besoin d’une main tendue, nous avons lancé il y a dix ans un pari un peu fou : leur trouver un logement. Pas un accueil d’urgence, non. Pas un foyer où passer quelques jours au chaud en attendant de trouver mieux, non. Un vrai appartement, personnel, où elles pourront rester aussi longtemps qu’il le faut pour retrouver pied. Leur appartement.
Toit à moi achète donc des logements où demeurent ceux qui en ont besoin, « le temps qu’il faudra, en moyenne deux à cinq ans », pour qu’ils retrouvent des repères et une place dans la société. Le principe est simple : des parrains et marraines versent chacun quelques euros par mois, intégralement utilisés pour financer les crédits immobiliers. Et ça marche ! À Nantes, grâce à 327 marraines et parrains, neuf appartements achetés ont accueilli 40 personnes, soutenues par douze bénévoles. Le mécénat d’entreprise finance l’indispensable accompagnement des bénéficiaires après le traumatisme de l’exclusion.
Un logement mais aussi du soutien
À petites touches, Florence Mary raconte cette belle histoire. « Un peu happée par le truc », elle a suivi pendant trois ans la vie de la structure et celles de Michel, Serge, Nathalie… : des existences cabossées accompagnées dans une véritable renaissance. Qui passe évidemment par un logement agréable, mais aussi par un soutien constant et multiple, des rencontres, des ateliers, une prise en charge médicale quand il le faut… Et, surtout, beaucoup, beaucoup de chaleur humaine, d’écoute, d’attention et de partage.
« Un regard profond sur l’humain »
La caméra de Florence Mary a saisi tout cela avec pudeur, respect et sensibilité. Curieuse mais pas voyeuse, présente mais pas intrusive, elle caresse les mains, capte les regards ou observe et écoute simplement, avec intensité, les êtres en présence. C’est « un regard profond sur l’humain », estime Paul. Également présent samedi, il fait partie des donateurs réguliers :
Quand on voit l’idée, on ne peut pas ne pas en être, explique-t-il simplement.
Ce musicien a aussi offert les morceaux de piano de sa composition qui accompagnent délicatement le film.
L’antenne nantaise est… à Rezé !
Toit à moi a essaimé à Toulouse, Angers, Lyon, Bordeaux, La Ferté-sous-Jouarre. Grâce à l’un de ses mécènes, l’antenne nantaise a trouvé un refuge provisoire à Rezé, dans l’ancien hôtel du Cheval blanc. L’association cherche des bricoleurs pour des petits travaux dans ses appartements, et des bonnes volontés pour partager leurs savoir-faire, leurs idées… ou tout simplement de bons moments !
