Quelle est la situation chez vous aujourd’hui ?
Au jour du 26 mai, au Sénégal, il y a eu au total 3 161 cas positifs dont 1 665 sont guéris et 1 559 sous traitement. Le nombre de décès dûs au Covid-19 est de 36 pour tout le Sénégal.
Dans notre région, nous avons connu six cas guéris (cinq à Saint-Louis et un à Richard Toll). Nous travaillons beaucoup dans la prévention pour éviter que notre commune ne connaisse la maladie.
Qu’est-ce qui a changé dans votre quotidien ?
La pandémie a complètement changé notre quotidien. D’abord, elle a créé une psychose et un sentiment général de méfiance. La vie sociale et professionnelle a beaucoup mué : on ne se donne plus la main en se saluant, les lieux de culte ne sont plus ou peu fréquentés, plus de cérémonie familiale, etc.
Êtes-vous, avez-vous été confinés, avec quelles contraintes ?
Oui, il y a confinement par restriction des déplacements : les voyages inter régions sont interdits, il y a couvre-feu le soir, les lieux de commerce ont fermé leurs portes. En conséquence, dans notre milieu, interruption des petits commerces tenus par les femmes, et les produits maraîchers ne se vendent plus parce que les marchés des grandes villes ne sont plus accessibles. Les hôtels ne le sont pas non plus. Les paysans ne vendent plus leur production. Le pire est attendu avec la prochaine récolte du riz : la main d’œuvre sera rare, cela rendra la récolte difficile et on court un gros risque avec la saison des pluies. Les inondations pourraient endommager la production dans les champs non récoltés.
De quelle(s) manière(s) se pratiquent l’entraide, la solidarité autour de vous ?
L’État promet une aide importante en vivres mais la mise en place connaît beaucoup de retard. Au niveau de la mairie, nous apportons notre solidarité aux populations en termes de produits désinfectants (savons, eau de javel, gel hydroalcoolique), de lavoirs de denrées alimentaires, de masques, à la limite de nos possibilités très limitées.
Disposez-vous de masques ? Comment faites-vous pour vous en procurer ?
Nous avons distribué par nos propres moyens 8 000 masques que nous avons fait confectionner par des tailleurs locaux formés à la technique. Nous nous apprêtons à doter les écoles de 2 000 masques avec la réouverture des classes prévue le 2 juin 2020. Pour s’en procurer, la mairie fait des réaménagements dans son budget mais reçoit aussi quelques contributions citoyennes de bonne volonté.
Rencontrez-vous des difficultés spécifiques dues au Covid-19 et si oui, lesquelles ?
L’économie locale est mise à genoux et on ne connaît pas la fin de cette situation.Les producteurs sont dans l’impossibilité de solder les crédits contractés pour la campagne maraîchère en raison de la production non vendue. Avec la fermeture de la frontière avec la Mauritanie, les pêcheurs sont restés sans activité. Les transporteurs sont sans revenu, les véhicules sont garés…La prochaine récolte de riz s’annonce avec beaucoup d’inquiétudes : comment récolter sans la main d’œuvre saisonnière mais aussi quelles mesures sanitaires prendre avec l’arrivée massive des saisonniers ?