Ehpad : « On apprend à vivre avec le virus »

Si la première vague de l’épidémie de la Covid-19 avait obligé les Ehpad à se réorganiser complètement, la seconde est abordée plus sereinement. Les maisons de retraite apprennent à vivre avec le virus. Comme en témoigne Christelle Andres, responsable des Ehpad Mauperthuis et Plancher.

 

EXPÉRIENCE DE LA PREMIÈRE VAGUE

Dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), la deuxième vague du coronavirus n’a rien à voir avec la première. « En mars dernier, nous manquions de masques, de sur-blouses, de matériel pour servir les repas dans les chambres des résidents. C’était le système D, explique Christelle Andres, responsable des Ehpad Mauperthuis et Plancher. L’organisation du travail a été complètement bousculée. La vie des résidents aussi, car ils n’avaient plus de visites (remplacées par des visio), les activités collectives se faisaient au pas de la porte de leur chambre. » Cette fois-ci, le pic a été appréhendé plus sereinement : « L’expérience de la première vague nous a beaucoup servi. Nous sommes mieux armés. Le personnel, qui avait déjà fait preuve de courage et de solidarité au printemps dernier, est de nouveau mobilisé. On a aussi des tests en nombre suffisant, c’est plus rassurant. »

Nous sommes mieux armés que lors de la première vague.

Christelle Andres, responsable des Ehpad Mauperthuis et Plancher

MESURES DE PRÉCAUTION RENFORCÉES

Dans les Ehpad Mauperthuis et Plancher, la distanciation physique est évidemment la règle. « Les salles à manger ont été élargies pour instaurer un espace d’au moins un mètre entre chaque résident durant les repas, indique Christelle Andres. Et nous allons même au-delà des recommandations car nous demandons à tous les résidents de porter un masque. » Une mesure bien acceptée par les aînés. Au moindre symptôme, les résidents sont isolés puis testés. Pour les salariés, c’est le même rituel tous les jours : prise de température, port du masque et désinfection des mains. « Ils sont aussi systématiquement testés à leur retour de congés. » Les visites, autorisées contrairement au premier confinement, se font dans des salons dédiés. « Les proches peuvent réserver jusqu’à trois créneaux d’une heure du lundi au dimanche. En arrivant, ils s’inscrivent dans un registre, se désinfectent les mains et on prend leur température. » Des mesures contraignantes, mais « indispensables pour ne pas faire entrer le virus dans les établissements et limiter, le cas échéant, sa propagation ».

TOUT EN MAINTENANT LA VIE SOCIALE

Les activités collectives ont toujours lieu. Mais limitées à cinq résidents. Et animées uniquement par le personnel des Ehpad. Au programme : ateliers mémoire, chant, gym, jeux de société. « C’est important de conserver ces moments de partage au sein des établissements pour la santé morale des résidents. On doit aussi apprendre à vivre avec le virus. » La boutique est toujours ouverte. « Les bénévoles qui la gèrent acceptent de venir. Pour le plus grand bonheur des résidents qui apprécient de faire leurs petits achats. Et les visites, même très encadrées, sont importantes pour les aînés et leurs familles. » Evidemment, la Covid-19 a mis à mal les festivités, organisées habituellement en fin d’année, à Mauperthuis et Plancher. « Il n’y aura pas de repas des familles. À la place, nous proposons aux proches de venir à quatre pour partager un goûter avec le résident. Une famille par jour, tout au long des mois de décembre et janvier. »

Durant le confinement, les deux Ehpad poursuivent leurs autres activités. L’accueil de jour, destiné aux personnes extérieures atteintes d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée, est ouvert. Les groupes de parole « Cafés entr’aidants » sont maintenus mais individuellement. La psychologue des Ehpad vient gratuitement au domicile des aidants, sur rendez-vous (02 40 84 74 77).

Notre défi : ne pas faire rentrer le virus et s’il rentre, limiter sa propagation.

Christelle Andres, responsable des Ehpad Mauperthuis et Plancher

LES EHPAD EN MANQUE DE PERSONNEL

Si la directrice des Ehpad Mauperthuis et Plancher aborde cette deuxième vague sereinement, elle s’estime aussi chanceuse de ne pas avoir eu à gérer une crise comme celle vécue par d’autres Ehpad en France avec la découverte simultanée de nombreux cas positifs. Christelle Andres se veut néanmoins prudente : « Nous manquons de personnel. Des postes sont aujourd’hui vacants. » Un problème qui n’est pas propre aux deux établissements rezéens, mais généralisé. « Les métiers du grand âge n’attirent plus. Nous avons de plus en plus de mal à recruter, notamment des aides-soignants. C’est une vraie fragilité dans le contexte sanitaire actuel. Il faut inverser cette tendance et donner envie aux professionnels de venir travailler en Ehpad. »